Le 11 août 1960, le Tchad prenait son indépendance, se libérant du joug colonial de l’Afrique-Équatoriale française. Ce jour historique, marqué par la déclaration de François Tombalbaye, le premier chef d’État tchadien, devait être le début d’une nouvelle ère pour la Nation. Pourtant, soixante-quatre ans plus tard, les défis restent immenses et la quête de souveraineté véritable demeure inachevée.
Un bilan Contrasté : entre dépendance et défis persistants
Depuis son indépendance, le Tchad semble lutter pour trouver sa voie. En dépit de ses vastes ressources naturelles, le pays est toujours dépendant des aides étrangères pour survivre économiquement. Le Tchad se classe avant-dernier sur l’indice de développement humain des Nations Unies, et plus de 40 % de ses 18 millions d’habitants vivent encore dans la pauvreté. Ce paradoxe est encore plus frappant quand on considère que, bien que riche en hydrocarbures, le carburant et l’électricité restent des luxes inaccessibles pour la majorité. Seulement 10 % des foyers tchadiens sont connectés au réseau électrique, contre une moyenne de 50 % en Afrique subsaharienne.
Sur le plan agricole, le Tchad dispose de plus de 60 % de terres arables non exploitées. Si elles étaient utilisées efficacement, ces terres pourraient non seulement nourrir la population tchadienne, mais également contribuer à la sécurité alimentaire du continent africain. Cependant, le pays reste fortement dépendant des importations pour ses denrées alimentaires, soulignant l’absence d’une classe commerciale tchadienne forte et dynamique. Les secteurs clés de l’économie, notamment le secteur industriel, sont dominés par des entreprises étrangères. Cette dépendance économique extérieure freine la croissance du pays et perpétue sa fragilité.
Une longue route vers une vraie souveraineté
Malgré ses richesses naturelles, le Tchad peine à trouver un modèle de développement qui lui soit propre. Les défis sécuritaires, économiques et sociaux entravent la route vers une stabilité durable et une prospérité partagée. Les 64 années écoulées depuis l’indépendance montrent un pays encore en quête de sa véritable autonomie. Pourtant, l’espoir reste ancré dans le cœur des Tchadiens, qui continuent de croire en un avenir meilleur, malgré les obstacles.
Le chemin de l’indépendance : un héritage chargé d’histoire
L’indépendance du Tchad est l’aboutissement d’un long parcours, marqué par la participation de ses ressortissants aux deux guerres mondiales. Le Tchad a joué un rôle crucial durant la Seconde Guerre mondiale en devenant le premier territoire d’outre-mer à se rallier à la France libre sous le commandement du général De Gaulle. La victoire des Alliés en 1945 a marqué le début du mouvement d’émancipation pour le Tchad, avec la création d’un Conseil représentatif en 1947, qui deviendra une Assemblée nationale en 1952.
La loi-cadre Defferre adoptée le 23 juin 1956, et la proclamation du Tchad comme République autonome le 28 novembre 1958, ont préparé le terrain pour l’indépendance, officialisée le 11 août 1960. Cependant, les espoirs d’un régime parlementaire stable ont été rapidement étouffés par François Tombalbaye, qui a pris le contrôle en écartant ses rivaux politiques, dont Gabriel Lisette, et en instaurant un régime autoritaire dès 1962. La répression des opposants, symbolisée par l’emprisonnement de figures telles que Koulamallah et Jean-Baptiste Kerallah en 1963, a conduit à la révolte de Mangalmé en 1965, marquant le début des tensions qui continuent de secouer le pays.
Soixante-quatre ans après l’indépendance, le Tchad reste un pays en quête de son identité et de sa souveraineté. Si les défis sont nombreux, l’histoire du Tchad est aussi celle d’une résilience et d’un potentiel énorme qui ne demande qu’à être réalisé.