Au Tchad, la gestion des frais de mission et de transport est peu orthodoxe. Du simple au double, le frais de mission et de transport va crescendo. Rien qu’en 2022, l’Etat a dépensé plus de 11 milliards dans les missions et le transport. Est-ce que les fonds alloués respectent-il les normes de l’orthodoxie financière ?
En 2022, le budget de la loi de finances était estimé à plus de 1359 milliards de francs CFA. Dans le rapport de cette loi édité par l’observatoire tchadien des finances publiques, il apparait que plus de 11,8 milliards a été dépensé dans le cadre des missions et voyages interministériels. Là aussi, cet argent est inégalement réparti entre les différents ministères. Concrètement, il s’agit de frais de stages à l’intérieur et à l’extérieur du pays, les formations professionnelles à l’étranger, les missions et déplacements à l’étranger et bien d’autres.
Ces dépenses sont-elles raisonnables ? Pour cela, nous nous sommes rapprochés d’un analyste économique. Pour lui, la justification de ces dépenses dépend de la rentabilité qu’elles génèrent. Mais, si on compare cette somme à celle « d’autres pays similaires tels que le Benin », ces dépenses ne représentent pas grand-chose, ajoute-il. Toutefois, l’analyste d’ajouter que pour un pays comme le Tchad, il est « préférable d’allouer cet argent à d’autres secteurs tels que l’éducation, la santé ou l’accès à l’eau potable ». Il propose à cet effet de préférer les rencontres virtuelles et limiter ces déplacements qu’au strict minimum.
Fort de ce constat, récemment, le premier ministre de transition Saleh Kebzabo a publié une circulaire relative à ce point. Dans cet acte adressé aux membres de son gouvernement et qui date du 11 juillet 2023, Saleh Kebzabo constate que « les missions officielles ont été multipliées, souvent avec de fortes délégations, et ce, au mépris des règles de l’orthodoxie financière ».
Ainsi, il est demandé aux responsables des différents ministères et les responsables de différentes institutions autonomes sous leur tutelle, de n’autoriser que les missions dont l’importance et l’opportunité pour les services sont avérées. « Ceci afin de procéder à une gestion efficiente des ressources financières ».
Et pourtant, début juin 2023, le premier ministre s’est rendu à une réunion privée par un avion de la République. Cela ressemble à du « faites ce que je dis mais non ce que je fais ». On verra ce que le rapport de 2023 nous dévoilera.