Depuis l’annonce officielle de l’arrivée de Starlink au Tchad, les réseaux sociaux se sont chargés de faire passer le message. Rien de spectaculaire. Mais une pluie d’infographies partagées, de vidéos reprises, de commentaires glissés ici et là. Comme un réflexe. Comme une façon discrète, mais claire de dire : « On n’attendait que ça.«
Les paraboles ne sont pas encore installées que déjà, beaucoup y voient une délivrance. Il faut dire qu’au pays de Toumai, l’accès à Internet a longtemps ressemblé à une mauvaise blague : lent, cher et capricieux. Et pendant ce temps-là, ceux qui tenaient le marché regardaient ailleurs. Les plaintes ? Tolérées. Les frustrations ? Ignorées. Le silence, lui, était pris pour une forme de résignation.
Il aura suffi d’une annonce pour rappeler à tout le monde que ce silence n’en était pas un. Que les Tchadiens n’étaient pas indifférents, juste fatigués. Et qu’au premier signe d’alternative, ils allaient se lever. Pas pour faire du bruit. Pour choisir autre chose.
Ce n’est encore qu’une promesse. Starlink n’a pas encore livré la moindre connexion. Mais le simple fait que l’information circule aussi vite, et soit accueillie comme une sorte de bouffée d’air, en dit long sur l’état du marché. Pendant des années, deux ou trois acteurs se sont partagé les clients comme on gère une rente. Sans concurrence, sans pression. L’arrivée d’un nouveau joueur vient rappeler une vérité simple : un client qu’on croit acquis est juste un client qui attend un choix.
Alors, bien sûr, ce serait facile de jeter toute la responsabilité sur ceux qui étaient là avant. Les contraintes sont réelles, les conditions difficiles. Mais quand, pendant des années, vous promettez mieux et que vous livrez moins, il ne faut pas s’étonner qu’on célèbre le simple fait d’entrevoir une alternative.
Ce qui vient de se passer n’est pas un grand bouleversement. C’est un signal. Un avertissement, peut-être. Et les opérateurs téléphoniques qui ont longtemps fait semblant de ne rien voir feraient bien d’ouvrir les yeux. Le terrain de l’internet n’est plus à l’abri. Il va falloir se battre pour le conserver.