La désobéissance civile lancée, depuis lundi dernier, par la contestation franchit un nouveau seuil au Soudan. Pour maintenir la pression sur le conseil militaire de transition afin d’obtenir un transfert du pouvoir aux civils, les Soudanais ferment commerces et boutiques. Le comité des médecins observe aussi une grève de trois jours. Même l’Université de Khartoum, la plus grande du pays, interrompt tous les cours, examens et activités pendant 48 heures. De barricades continuent d’être érigées sur les principales avenues de Khartoum et sa banlieue. Les manifestants soudanais entendent par cette désobéissance civique observer le deuil des manifestants fauchés par les balles des militaires et de revenir à la concluante stratégie de blocage de la révolution de 2019.
A l’issue d’une réunion tenue le mardi 18 janvier 2022, les Européens, Américains, les institutions financières mondiales, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, réunis au sein du groupe des « Amis du Soudan », décident d’apporter leur soutien à la récente initiative de dialogue lancée par l’ONU. Ils recommandent, dans leur communiqué, un possible amendement de l’arrangement constitutionnel de 2019 prévoyant un partage de pouvoir entre civils et militaires, jusqu’à la tenue d’élection. Mais, la rue soudanaise rejette ce schéma et réclame un soutien plus affirmé de la communauté internationale dans leur bras de fer avec les militaires.
La répression a fait depuis le 3 juin dernier 118 morts et plus de 500 blessés dont la majorité lors de la dispersion des sit-in. Les autorités reconnaissent 61 morts, dont 49 par des « tirs à balles réelles » à Khartoum. La contestation affirme que la désobéissance civile se poursuivra jusqu‘à l’instauration d’un pouvoir civil.