Les combats ont gagné des sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco au Soudan, où deux généraux s’affrontent depuis neuf mois. L’ONG Regional Network for Cultural Rights tire la sonnette d’alarme le mardi 16 janvier 2024 pour les vestiges du royaume de Kouch vieux de plus de 2.300 ans.
Le Regional Network for Cultural Rights dit dans un communiqué « condamner fermement l’incursion des Forces de soutien rapide (FSR) », les redoutés paramilitaires du général Mohammed Hamdane Daglo, en guerre contre l’armée de général Abdel Fattah al-Burhane depuis le 15 avril, « sur les sites de Naqa et de Musawwarat es-Sufra ».
Cette « seconde incursion » a eu lieu dimanche, affirme l’ONG, après « une première le 3 décembre 2023 » sur ces sites religieux situés dans l’État du Nil, dans le nord du pays. Les autorités de l’État du Nil ont, elles aussi, rapporté « une incursion des FSR, repoussée par l’armée de l’air », affirmant que le « calme est revenu » mais sans faire état de potentiels dégâts.
Le Regional Network for Cultural Rights dit avoir consulté « des sources fiables, des images et des vidéos mises en ligne sur les réseaux sociaux montrant des combats entre l’armée et les FSR qui ont probablement exposé les sites au vandalisme, à la destruction, aux pillages et au vol ». Selon l’Unesco, « les sites archéologiques de l’île de Méroé, paysage semi-désertique entre le Nil et l’Atbara, siège des souverains qui occupèrent l’Égypte pendant près d’un siècle, renferment des pyramides, des temples et des bâtiments résidentiels ainsi que des installations majeures de gestion de l’eau ».
Les civilisations anciennes du Soudan ont érigé plus de pyramides que celles d’Égypte, mais restent largement méconnues. L’île de Méroé, à 220 km au nord de Khartoum, est classée au patrimoine mondial de l’humanité et a fait l’objet d’une exposition au Louvre en 2010. Cette civilisation (du IIIe siècle avant J.-C. au IVe siècle après J.-C.) avait emprunté des traits culturels à l’Egypte pharaonique, à la Grèce puis à Rome, s’ajoutant à un substrat africain.
Depuis le 15 avril, la guerre entre l’armée et les FSR a fait plus de 13.000 morts, selon un bilan très sous-estimé de l’ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled). En outre, plus de sept millions de personnes ont été déplacées, d’après l’ONU.