De nos jours, on observe des pratiques peu orthodoxes liées à l’organisation du deuil. De la banalisation du temps de recueillement aux funérailles, votre journal Le NDjam Post ouvre un dossier sur ce sujet. Dans ce premier numéro, nous vous proposons la vente des cercueils dont les principaux acteurs sont souvent traités de tous les noms d’oiseaux à N’Djamena.
Dans une menuiserie située sur l’avenue Pascal Yoadimnadji, Ali, la trentenaire révolue, rabot en main, fait de la fabrication du cercueil son activité de survie. Quand on lui parle de la fabrication des cercueils en avance pour attendre les clients, ce dernier, d’un air déconcerté nous répond : « on fabrique tout juste pour des réserves. Si un client vient et demande le prix des cercueils, on lui montre les différentes qualités qui varient de 60 000 à 300 000 F CFA. Donc, c’est à lui de faire son choix selon ses moyens. » précise t-il.
Bien que cette activité permette de prendre en charge leurs familles et subvenir à leurs besoins, les tenanciers de menuiserie à cercueil sont sujets des moqueries et d’insultes de certains passants. Ali en témoigne : « que nous sommes des sorciers, que nous sommes des tueurs, que nous précipitons la mort des gens pour avoir des clients mais c’est seulement ici au Tchad que les gens ont peur des cercueils. Si c’est ailleurs, on peut même mettre tout au long des routes pour le marché ».
Selon le sociologue Ngarmbatedjimal Alexis, la représentation que les citoyens font de ces tenanciers de menuiserie à cercueil n’est pas scientifique. Pour lui, la vente des cercueils est une activité génératrice de revenus comme toute autre. « Aujourd’hui avec le modernisme et la démographie galopente, il se trouve qu’il y a un problème entre l’offre et la demande et donc ceux qui mènent ces activités trouvent en cela une activité génératrice de revenus. C’est pour cette raison que pour ne pas accuser de retard dans la livraison, ils sont obligés de disponibiliser les cercueils » affirme le sociologue.
Même si cette manière d’exposer les cercueils frise une certaine banalisation liée à la sacralité du deuil, c’est une activité qui permet à beaucoup de familles de s’en sortir.