Face aux nombreux défis économiques et sociaux, de plus en plus de femmes tchadiennes se tournent vers les formations esthétiques. Ces formations en pleine recrudescence sont devenues une véritable opportunité d’autonomisation et de valorisation du potentiel féminin.
Au Tchad, un pays confronté à de nombreux défis économiques, la quête de l’autonomisation par les femmes devient une priorité. Les taux élevés de chômage et les inégalités de genre font que les formations esthétiques connaissent un véritable essor. Les coiffeuses, maquilleuses et autres spécialistes de la beauté se multiplient dans les quartiers de N’Djamena et des autres grandes villes du pays.
Pour beaucoup de femmes, ces formations représentent bien plus qu’une simple acquisition de compétences. Elles symbolisent une porte d’entrée vers l’indépendance financière et un moyen de subvention aux besoins de leurs familles. Mariam Hassan, fondatrice d’un institut de beauté à N’Djamena, raconte : « Quand j’ai ouvert mon centre il y a six ans, je n’avais que trois étudiantes. Aujourd’hui, j’en ai plus de cinquante. Elles viennent toutes avec le même rêve : devenir indépendantes».
Pour Mariam, cette expansion rapide est le signe que les mentalités évoluent au Tchad : « Les femmes ne veulent plus attendre que l’État leur fournisse un emploi. Elles cherchent à créer leur propre voie», explique-t-elle.
Le développement rapide de ce secteur s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, les formations sont accessibles et nécessitent un investissement relativement faible comparé à d’autres filières. Ensuite, la demande pour les services de beauté ne cesse de croître dans les zones urbaines, créant ainsi un marché dynamique où les femmes peuvent prospérer.
Fatimé, 28 ans et mère de deux enfants, auparavant sans emploi, a suivi une formation en maquillage professionnel. Aujourd’hui, elle gère son propre salon de beauté dans le quartier de Chagoua. « Cette formation a changé ma vie. Elle m’a donné la confiance et les compétences nécessaires pour me lancer dans le monde du travail et subvenir aux besoins de ma famille », confie-t-elle.
En outre, les formations esthétiques renforcent également l’estime de soi des femmes en leur offrant un espace pour s’épanouir et développer leur créativité. Amina, une esthéticienne diplômée, a choisi de se spécialiser dans les soins de la peau. « Je voulais non seulement apprendre un métier, mais aussi aider les autres femmes à se sentir belles et confiantes dans leur peau. La beauté est un pouvoir et il est entre nos mains », affirme-t-elle.
Notons qu’au Tchad, la formation de beauté n’est pas simplement une mode, mais également un véritable vecteur de changement social et économique. Dans ce pays qui continue de se reconstruire, les femmes entrepreneures jouent un rôle clé dans la transformation de leurs communautés. Leur parcours inspire et démontre que malgré les obstacles, l’autonomie et le succès sont à portée de main pour celles qui osent se former et entreprendre.
Marie-Claire Tari Koumninga