Société : Idriss Deby Itno, une vie pour le Tchad

Trois ans déjà, le maréchal du Tchad Idriss Deby Itno meurt au front à plusieurs kilomètres de son palais. Le Ndjam Post revient sur la vie de « ce guerrier devenu président ».

A Berdoba dans l’Ennedi, naquît en 1952 le dénommé Idriss Deby Itno. Issu d’une fratrie composée de plusieurs frères et sœurs, il vivra jusqu’à 68 ans et passera de la vie au trépas un 20 avril 2021 à Nokou dans le Nord Kanem en essayant de défendre « l’intégrité du territoire ». La vie de cet ancien talibet devenu élève puis soldat jusqu’à son dernier souffle, n’a pas toujours été un long fleuve tranquille.

Visage émacié, lèvres sèches, un corps à l’allure épuisé après un long périple, les tchadiens redécouvre celui-là un an auparavant s’est rebellé contre son ancien chef. Devant la presse, dans son treillis large, il déballe son « cadeau » au peuple tchadien. Ce cadeau n’est ni or ni argent mais « la liberté ». Il est ce jour l’homme fort de N’Djamena. En renversant le président Hissein Habré et sa dictature. Un vent de démocratie soufflera au Tchad avec la renaissance du multipartisme et la liberté d’expression. Quid du sacrifice ?

Le 1er avril 1989 avec quelques uns de ses frères d’armes, Idriss Deby tente un coup d’Etat qui échouera. Ils sont dès lors indésirables. Ils prennent la poudre d’escampette qui les conduira au Soudan voisin. Avant de s’organiser et constituer une force : c’est la naissance du Mouvement Patriotique du Salut (MPS). De leur fuite jusqu’à leur entrée triomphale, Idriss Deby dira adieu à plusieurs de ses frères et amis. Le plus célèbre fut Hassan Djamouss. Mais c’est le prix à payer diront ses compagnons.

Un ancien talibet, il rentre un peu plus tard à l’école française. Cette dernière va le contraindre à séjourner loin de ses parents et de son béribé (pays zakhawa) natal. D’abord il étudiera au lycée Franco-arabe d’Abeche. Il fera la rencontre avec Hassaballah Soubiane avec lequel ils étaient les principaux « meneurs de grèves », nous apprend ce vieux camarade de classe. Ce réflexe le poursuivra très longtemps. Ensuite, le jeune Idriss Deby posera sa valise à Bongor dans le célèbre Lycée Jacques Moudeina jusqu’à l’obtention de son baccalauréat série D. Destiné à devenir médecin, c’est les métiers des armes qu’il choisira. Nous sommes en 1976 et le pays est aux portes d’une guerre civile.

Idriss Deby se rangera aux côtés des Forces armées du nord (FAN) de Hissein Habré. Il est nommé commandant en chef. Et renverseront Goukouni Weddeye au pouvoir depuis à peu près 4 ans.

Avec Hissein Habré, c’est lors de la guerre de Toyota que Deby fait ses preuves. Avec ses éléments, il infligeront une défaite cuisante et surtout humiliante à la toute puissance Libyenne.

De 1990 à 2021, le colonel devenu général puis maréchal, a posé les jalons d’une démocratie. Il organisa en 1996 les premières élections démocratiques du Tchad indépendant. Celle-ci a vu la participation d’une dizaine de formation politique. Entre temps, la presse libre a connu une émergence.

Toutefois, après avoir essuyé plusieurs tentatives de déstabilisation, c’est cette cohorte armée venue de la Libye qui attentera à sa vie. Est-ce ce n’était pas un souhait exhaussé, celui de « mourir arme à la main et ne pas voir le chaos s’installer » ? Heureusement, les Tchadiens étaient matures et ont pu, comme pour continuer son combat, éviter le chaos.

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