Ces prostituées de nationalités étrangères, on les retrouve un peu partout dans les quartiers chics et populaires de N’Djaména. Ce sont des Camerounaises et Ivoiriennes qui volent la vedette aux prostituées tchadiennes et centrafricaines. Elles sont donc devenues les reines de la séduction dans la cité capitale.
Il est 1h 45 au quartier Kabalaye, dans la commune du 3ᵉ arrondissement. Nous sommes sur l’avenue Bokassa dit Sodome et Gomorrhe. Sous les étincelles, les sous-sols des boites de nuit et Snacks sont bondés de monde. L’ambiance est joyeuse et chaque client pense à embarquer une prostituée pour le dernier virage. Même constat à Sabangali, toujours dans le 3ᵉ, et Moursal, dans le 6ᵉ arrondissement.
Sur le terrain, dans tous les coins et recoins, les hommes sont à la recherche des filles de joie. Ceux qui sont fortunés n’ont d’yeux que pour les Camerounaises et Ivoiriennes, considérées comme les plus douées en matière de séduction. C’est un constat général pour les habitués.
Ce n’est pas un nouveau phénomène, mais la particularité de ce week-end est que les prostituées camerounaises et ivoiriennes ont dominé le marché du sexe à N’Djaména ces derniers temps. Les habitués des boites et les rois de la nuit en sont témoins. Ces vendeuses du plaisir charnel qui dominent les espaces de divertissement et les coins chics de la ville arrachent tellement la vedette que les prostituées tchadiennes ont perdu la clientèle. « On ne peut pas dire qu’elles piquent nos clients, mais ces prostituées étrangères ont des gros clients. Ça fait que les hommes qui nous approchent n’ont pratiquement rien. Parfois, on traine des nuits sans clients. De temps en temps, les hommes nous embarquent à crédit », se plaint Nadège, une prostituée rencontrée à Kabalaye.
À sa collègue Épiphanie de rajouter que les hommes qui sont à l’origine de leur délaissement sont souvent des gens fortunés qui possèdent des night-clubs, bars et des palaces dans tous les quartiers de la ville. « C’est vrai que la prostitution n’est pas une bonne pratique, mais pour notre cas, il y a la discrétion et on est considérée comme les putes de luxe. Sauf les connaisseurs comprennent notre modèle. On ne fait pas le trottoir. Il faut que les gros clients nous calculent sinon la situation ne nous arrange pas. Les étrangères ne peuvent pas tout racler », a-t-elle déclaré. Elle poursuit que si cette situation perdure, les étrangères qui feront des sorties nocturnes dans les boites vont se promener avec leurs cartes de séjour, sinon, elles se verront confisquer leurs passeports. « On va départager le nombre des clients, question d’équilibrer. On va discuter avec les autres avant de décider », a-t-elle informé.
Pour avoir leur version des faits, nos tentatives pour avoir l’avis des autorités ont été vaines. En attendant la suite de l’épisode, il faut rappeler que la loi tchadienne condamne le proxénétisme et le racolage en public. Parmi ces filles de joie, certaines sont même enrôlées dans des réseaux de prostitution et de proxénétisme.