La Cour suprême sénégalaise a confirmé, jeudi 04 janvier 2024, la condamnation de l’opposant emprisonné Ousmane Sonko à six mois de prison avec sursis pour diffamation. Une peine largement perçue comme le rendant inéligible pour la présidentielle du 25 février.
L’annonce a été faite par le juge Abdourahmane Diouf et confirmée par deux avocats de l’opposant, candidat déclaré à la présidentielle et personnage central d’un bras de fer de plus de deux ans avec l’État qui a donné lieu à plusieurs épisodes de troubles meurtriers. « On a confirmé la peine et les dommages et intérêts. Sonko à perdu sur toute la ligne. Il est maintenant totalement interdit de participer à une élection », a réagi après la décision l’avocat de l’État, El Hadji Diouf.
Les avocats de Sonko ont esquivé la question concernant l’éligibilité de leur client. Le Conseil constitutionnel devrait trancher la question prochainement. Ousmane Sonko, 49 ans, troisième lors de la présidentielle de 2019, est poursuivi par le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang pour « diffamation, injures et faux ». Après plus de douze heures de débats, la Cour suprême a confirmé la peine donnée en appel de six mois de prison avec sursis et 200 millions de francs CFA (300.000 euros) de dommages et intérêts, ce qui compromet fortement les chances de l’opposant de participer au scrutin présidentiel.
Le camp de Sonko avait retrouvé l’espoir en une candidature de leur chef de file après qu’un juge a ordonné mi-décembre sa réinscription sur les listes électorales, confirmant une décision rendue en octobre par le tribunal de Ziguinchor qui avait été cassée par la Cour suprême. Il a été investi dimanche par sa coalition pour la présidentielle dans un lieu privé, à huis clos, après l’interdiction par les autorités du meeting public prévu samedi.
Malgré le refus de l’administration de délivrer à M. Sonko les documents nécessaires, l’opposant a fait déposer son dossier de candidature au Conseil constitutionnel. Son mandataire doit passer vendredi devant la commission de contrôle des parrainages de la juridiction.
« Cette affaire est une opération de liquidation politique d’un adversaire, avec un chronogramme où on compte les jours pour dire que telle personne ne participera pas à l’élection présidentielle. Monsieur le président, j’espère que cette commande politique ne passera pas devant vous », avait estimé Me Massokhna Kane, en clôturant la plaidoirie des avocats de M. Sonko.
Dans une autre procédure, M. Sonko a été déclaré coupable le 1ᵉʳ juin de débauche de mineur et condamné à deux ans de prison ferme. L’opposant ne s’était pas présenté au procès et a été condamné par contumace. L’homme de 49 ans est emprisonné depuis fin juillet sous d’autres chefs d’inculpation, dont appel à l’insurrection, et dénonce toutes ces affaires comme des complots visant à l’écarter de la présidentielle.