Spécialement conçus pour augmenter les hanches et les fesses, les gélules, suppositoires, pommades, huiles et sirops, importés pour la plupart, prennent de plus en plus d’assaut les instituts de beauté tchadiens. Et ce, à cause d’une forte demande de la gent féminine qui n’ignore sans doute pas les retombées.
À défaut du tendancieux lifting brésilien des fesses, dit BBL, de nombreuses femmes ont trouvé consolation auprès des commerçants des produits locaux pour avoir le résultat escompté. C’est avec des mentions telles que « tu n’as pas l’argent de la chirurgie ? Ma chérie ne t’inquiète pas. Viens acheter ta crème raffermissante à base de produits naturels », ou encore le fameux « produit 100% naturels, satisfaites ou remboursées », que celles-ci sont attirées pour essayer l’incroyable transformation.
Sur Internet, les pages consacrées à la promotion de ces produits ne se comptent plus. Un tour sur les réseaux sociaux et le constat est réel. L’on peut lire sous ces différentes publications des commentaires comme « Intéressée, je veux le prix » ou « besoin d’être livrée ».
Du virtuel au réel, nous voici dans un institut de beauté de la place. Mais cette fois-ci, le constat n’est pas le même. Tout se passe via le téléphone portable. « Je reçois très souvent des demandes de livraison. Physiquement, je ne connais pas la plupart de mes clientes », informe cette jeune entrepreneure sous anonymat. « Je suis connue pour la vente des laits corporels et savons. Je n’ai jamais pensé vendre de tels produits. Mais tellement on me les demande sous mes publications sur Facebook, je me suis dit pourquoi ne pas essayer », exprime-t-elle.
À la demande des intéressées, elle conseille, comme une pharmacienne reconvertie, tel ou tel autre produit ou soit une combinaison de produits pour obtenir le résultat en un rien de temps. Telle une experte, elle affirme que « les résultats sont observables dès la deuxième semaine de l’utilisation ».
Chose que ne confirme pas Nadège, 24 ans et étudiante, qui reconnaît avoir utilisé l’huile de massage pendant plus de trois mois. « J’ai toujours été complexée par ma forme de garçon, comme on me le dit souvent. Et je n’ai pas hésité à prendre ce produit pour avoir des rondeurs que je n’avais pas. J’avais déjà essayé des vitamines, mais ça n’a jamais marché », témoigne-t-elle. À la question de savoir si cette fois-ci a été la bonne, elle répond hâtivement « non ! Après trois mois, je ne voyais pas trop le résultat et j’ai arrêté. Pourtant, pour une petite bouteille d’huile, je dépensais 23 000 FCFA ».
La beauté n’a pas de prix, dit-on. Mais dans ce cas d’espèce, si. Selon le nutritionniste Miskine Innocent, toute personne qui se livre à la consommation de ces produits dont on ne connaît même pas la composition s’expose à toutes sortes de maladies, notamment le cancer de sang. « La consommation de ces produits est source de grands problèmes pour la santé publique. Il faut formellement déconseiller leur prise », indique-t-il.