Le 31 octobre 2023 à Kinshasa, le gouvernement tchadien et le parti Les Transformateurs ont signé un accord dit de réconciliation nationale. Cet accord a permis le retour de Masra Succès, le 3 novembre 2023, après un an d’exil à la suite des évènements du 20 octobre 2022. Cette semaine, les journaux de la place ont consacré la plupart de leurs lignes à cette actualité.
Pour l’hebdomadaire Le Pays, Masra provoque une crise de nerfs généralisée. Selon cet hebdomadaire, de mémoire d’observateur, jamais un accord politique n’a aussi été commenté que celui de Kinshasa. Pour beaucoup de Tchadiens, l’accord signé entre le gouvernement de transition et le parti Les Transformateurs donne ipso facto quitus à l’impunité des bourreaux du massacre du 20 octobre 2022. Et que Succès Masra a ainsi trahi la mémoire des victimes du jeudi noir. Le Pays de poursuivre qu’on note que ce sont les anciens compagnons de Masra au sein de Wakit Tama qui sont les plus durs contre lui, l’accusant de trahison, d’avoir sacrifié la mémoire des suppliciés du 20 octobre sur l’autel de ses intérêts politiques.
Masra fera-t-il succès sur des cadavres ? S’interroge le journal Abba Garde à sa Une. Pour ce journal, Masra s’est contenté de sauver sa seule tête et son seul ventre au risque de se faire pendre. De l’accord signé entre Les Transformateurs et le gouvernement, Abba Garde ironise dans sa publication que le temps de savourer l’air frais des lambris dorés des hôtels de N’Djamena, la loi d’amnistie sera votée par les godillots du palais de la démocratie au profit des tueurs à gage du 20 octobre 2022. Les morts attendront la résurrection, les Invalides attendront la mort, les diplômés sans emploi désœuvrés attendront d’être frappés d’invalidité.
Mais dans sa livraison du 06 au 12 novembre 2023, N’Djamena Hebdo dilue le vin dans l’affaire du retour de Masra Succès. Pour le journal, Masra sort gagnant de l’accord de réconciliation pour le retour des exilés suite aux évènements du 20 octobre, qu’il a signé. D’abord, il a contraint le pouvoir à descendre de son piédestal de radicalisme. Le mandat contre lui est suspendu, mais restera toujours comme une épée de Damoclès qui pourrait l’empêcher d’être éligible en 2024. Il est rentré sans être inquiété, et c’est sa plus grande victoire, sans oublier les retombées à venir des clauses secrètes de cet accord.