A Mao, chef-lieu de la province du Kanem, c’est une scène de vie résiliente qui s’observe. Les citoyens font face à d’énormes défis, dans un contexte économique difficile. Malgré cette situation exacerbée par le coût de la vie, la population fait preuve de résilience en s’y adaptant.
Le grand marché de la ville de Mao ne contient « plus » de produits aux tarifs normaux, ce 10 septembre 2023. Cette situation met en difficulté plusieurs familles qui peinent déjà à obtenir un repas par jour. Même les denrées alimentaires qui? jadis étaient à portée, sont devenues extrêmement chères. « Le coût de vie est devenu difficile à Mao. Par le passé, avec 1 000 FCFA, on peut nourrir une famille mais actuellement, ce n’est plus le cas. Tout est devenu cher au marché. Surtout les produits de première nécessité », a déploré Abakar, un habitant de la ville.
Pour les habitants de la « Ville blanche », l’heure est au rabais mais les commerçants ne fléchissent pas. » Les ménages sont vulnérables mais les commerçants nous rendent la vie encore difficile. Ce n’est pas facile pour nous de joindre les deux bouts, pour avoir un repas c’est un parcours de titan », se lamente Falmata, une ménagère, la trentaine révolue. Pour sa part, le délégué des commerçants de la ville de Mao, Souleymane informe que les discussions sont en cours avec les commerçants pour pallier à cette « situation « crise ». » Nous sommes conscients de la situation. C’est dur mais les responsabilités sont partagées. Ce n’est pas de la faute des commerçants. Ils achètent certaines marchandises hors de la ville et il y a des coûts pour ça. La population ne voit pas cet aspect. Ce qui est produit sur le plan local est abordable. C’est un problème de communication. Tout le monde se bat pour sa survie », a t-il justifié.
Quand le chômage s’en mêle
Pour faire face à cette situation, le seul moyen pour les habitants de Mao est la recherche d’un emploi, question de survivre. Mais, cet appât du gain demeure aussi un autre défi. Pour une moindre annonce de travail, les hommes et femmes de la localité grouillent les babillards et les affichages, bien que ces emplois sont rares à décrocher en plus des salaires dérisoires.
Cette situation fait que les habitants de Mao développent de la créativité pour leur survie. Beaucoup d’entre eux se sont lancés dans les petites entreprises allant de la création de pressing, d’atelier de couture ou de petite pharmacie informelle. Certains offrent des services comme la réparation des appareils électroniques, les mototaxis, question de subvenir aux besoins de leurs familles. « Je suis diplômé en sociologie depuis 4 ans mais par manque d’emploi, aujourd’hui je me débrouille autrement pour m’occuper de ma famille. Partout où la chance me sourit, on me parle d’expérience. Je continue toujours par chercher mais c’est décourageant », confie Tchoukou, un jeune diplômé devenu pompiste dans une station d’essence.
Compte tenu du chômage et de la situation économique morose, le désespoir est visible chez les habitants de Mao. Ne sachant à quel saint se vouer, ils font preuve de résilience. »Malgre les difficultés, on garde espoir en continuant à nous battre car on est déjà né donc il ne sert à rien de croiser les bras. On doit faire face pour que tout rentre dans l’ordre. D’ailleurs, beaucoup de famille sont dans la même situation », se console Mahamat, un vigile dans un centre culturel de la place.
Avec toutes ces difficultés liées au chômage et à la vie chère, il y a une lueur d’espoir qui s’observe au sein de la population de la ville de Mao. Plutôt que de les anéantir, ces difficultés poussent les habitants à lutter avec abnégation, courage et résilience.