Mansoor Al-Kadriyar était chez lui en famille dans la banlieue d’Abuja, la capitale du Nigeria, lorsque des agresseurs ont forcé la porte le soir du 2 janvier, avant d’abattre son frère et d’enlever ses cinq filles et une de leurs cousines.
Le 2 janvier vers 21H, des hommes armés ont fait irruption au domicile de la famille Al-Kadriyar à Bwari, à 25 km du centre-ville d’Abuja, a expliqué à l’AFP une cousine, Asiya Adamu, 23 ans. Selon elle, ils ont exigé de l’argent, mais le père, Mansoor, n’avait rien à leur donner.
Les assaillants ont alors ligoté et frappé les cinq sœurs et l’une de leurs cousines, avant de les emmener et d’abattre le frère de Mansoor qui tentait de leur venir en aide. Plusieurs policiers ont aussi été tués dans un échange de tirs, selon Asiya Adamu. Les assaillants ont donné à Mansoor plusieurs jours pour verser une importante rançon, mais la famille, modeste, n’a pas pu respecter le délai. Les bandits ont alors tué l’une des sœurs, Nabeeha, 21 ans, puis ils ont rendu son corps et augmenté le montant de la rançon, a indiqué à l’AFP Mme Adamu.
Le cauchemar a pris une nouvelle tournure lorsque le père a appris que l’une de ses filles avait été tuée faute d’avoir pu payer la rançon. Ce tragique fait divers a provoqué émotion et indignation au Nigeria, pays le plus peuplé du continent avec plus de 218 millions d’habitants, où les enlèvements contre rançon constituent un problème majeur. Les bandes criminelles sévissent sur les autoroutes, s’attaquent aux appartements et même aux élèves dans les écoles.
La famille a réuni la somme demandée grâce à une campagne de collecte en ligne et à l’aide d’un ex-ministre, Issa Ali Ibrahim, mais les négociations avec les ravisseurs sont toujours en cours. Les enlèvements sont devenus un problème majeur au Nigeria dans les années 2000. Mais des experts estiment que la crise économique est à l’origine d’une hausse des cas, certains Nigérians se tournant vers la criminalité pour gagner de l’argent.
À son arrivée au pouvoir en mai 2023, le président Bola Ahmed Tinubu s’était engagé à « ne pas perdre la bataille contre l’insécurité ». Après l’enlèvement des jeunes filles de la famille Al-Kadriyar, il a bien été contraint de reconnaître dans un communiqué le 16 janvier la « récente vague d’enlèvements et d’attaques de bandits » qui frappe le pays, y compris la capitale fédérale autrefois réputée sûre.
L’enlèvement de 276 écolières de Chibok, dans le nord-est du pays, par les jihadistes de Boko Haram avait fait la Une des journaux du monde entier en 2014, mais les enlèvements quotidiens attirent rarement l’attention.