Plusieurs organisations de défense de la liberté de la presse ont dénoncé l’arrestation début mai du journaliste nigérian Daniel Ojukwu qui a enquêté sur le détournement présumé de fonds publics par une ancienne collaboratrice de l’ex-président nigérian Muhammadu Buhari.
Daniel Ojukwu qui travaille pour la Fondation pour le journalisme d’investigation (FIJ) au Nigeria, n’a plus donné de nouvelles depuis le 1ᵉʳ mai, a déclaré le comité pour la protection des journalistes (CPJ) dans un communiqué mercredi. Ses proches et ses collègues ont appris vendredi, 10 mai qu’il avait été arrêté et détenu par les forces de l’ordre à Lagos, avant d’être transféré vers un poste de police de la capitale Abuja, pour violation de la loi cybercriminalité, selon le CPJ.
Le comité a appelé la « libération immédiate » de Daniel Ojukwu, qui souffre de problèmes de santé nécessitant « des soins médicaux ». « Il y a un peu plus de six semaines, plus d’une douzaine de militaires armés ont arrêté un autre journaliste, Segun Olatunji, à son domicile sans explication » au Nigeria, a aussi indiqué Angela Quintal, responsable du programme Afrique du CPJ dans le communiqué. De son côté, Amnesty International a demandé aux autorités nigérianes sur le réseau social X mercredi de « cesser de punir les journalistes qui s’efforcent de mettre fin à la culture d’impunité généralisée qui permet aux pratiques corrompues de rester impunies ».
L’arrestation de Daniel Ojukwu a eu lieu à la suite d’une enquête qu’il a menée sur la mauvaise gestion financière présumée de plus de 147 millions de nairas (environ 98.897 euros) par Adejoke Orelope-Adefulire, une assistante de l’administration de l’ancien président nigérian Muhammadu Buhari. Cette dernière aurait versé la somme d’argent qui devait servir à la « construction d’une école sur le compte bancaire d’un restaurant, selon la FIJ et son fondateur, Fisayo Soyombo », a précisé le CPJ.
Le Nigeria est classé 112ᵉ sur 180 pays dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF), en raison de la surveillance, des agressions et des arrestations arbitraires dont sont régulièrement victimes ses journalistes.