Nigeria : à Kano, deux rois pour une seule couronne

Ph Le360 Afrique

La deuxième plus grande ville du Nigeria, Kano, est en proie à de vives tensions depuis que deux figures traditionnelles influentes se disputent le titre d’émir de Kano, une position prestigieuse et politiquement déterminante à l’échelle nationale.

Depuis plusieurs jours, les médias locaux font leurs gorges chaudes de ce « Game of Thrones » nigérian qui souligne le poids des institutions traditionnelles dans le jeu politique national du pays le plus peuplé d’Afrique. Les émirs du Nord, région majoritairement musulmane, ainsi que les Obas ou rois et autres chefs traditionnels du Sud, majoritairement chrétien, continuent d’exercer une grande influence au Nigeria.

L’émir de Kano est le deuxième dirigeant islamique le plus haut placé pour les musulmans nigérians, après le sultan de Sokoto. La semaine dernière, le gouverneur de l’État de Kano, Abba Kabir Yusuf, a rétabli l’ancien émir Muhammadu Sanusi II sur le trône, quatre ans après sa destitution par le gouverneur précédent au profit d’Aminu Ado Bayero, lequel avait été destitué.

Refusant de s’avouer vaincu, M. Bayero continue de se proclamer émir de Kano et s’appuie sur une décision de justice suspendant sa « démission » en attendant une décision judiciaire qui doit intervenir début juin. « J’appelle les autorités à rendre justice, Kano est un Etat très influent au Nigeria, tout ce qui affecte Kano affecte l’ensemble du Nigeria », a déclaré M. Bayero.

De son côté, M. Sanusi a emménagé samedi 25 mai dans le palais où il tient des audiences quotidiennes, à quelques kilomètres de la résidence royale de M. Bayero qui y reçoit ses partisans. Les deux palais sont gardés par un lourd dispositif militaire et policier.

Si la ville conserve un calme apparent, la fébrilité augmente au fur et à mesure que se rapproche l’échéance judiciaire. Dimanche, des partisans de M. Bayero ont organisé une manifestation pour dénoncer sa destitution. Quelques heures plus tard, la police a révélé qu’elle avait découvert un « complot » de « mécréants » visant à provoquer des violences dans la ville.

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