La gestion des déchets ménagers est un défi pour les habitants de la capitale. En plus d’être un véritable problème environnemental et sanitaire, elle est source de conflits de voisinage.
Tôt ce mercredi 30 août à Amtoukouin, dans le 7e arrondissement de la ville de N’Djamena, Christian renvoie un enfant venu décharger sa brouette remplie d’ordures. « Où aviez-vous l’habitude de jeter vos ordures ? » lui lance-t-il d’un air nerveux. Pour lui, les ordures visibles devant son domicile permettent de niveler la voie. Malheureusement, ce message n’est pas perçu de cette manière par ces voisins qui veulent eux aussi déposer leurs déchets à cet endroit. « Nous brûlons nos ordures. Et nous l’avons déjà signifié aux voisins qui viennent jeter les leurs ici. Ce n’est pas un dépotoir. Pas plus tard qu’hier, j’ai eu une altercation avec les voisins d’en face et nous avons même failli en venir aux mains », se justifie-t-il.
La situation de Christian est observable dans certains quartiers de la capitale. Les rues principales et secondaires, les bassins de rétention des eaux sont jonchés de déchets. Les raisons avancées pour justifier cela : « boucher les nids de poules » et « prévenir la stagnation d’eau en cas de pluies. Naturellement, on se demande ce que fait le service de voirie urbaine et d’assainissement de la ville de N’Djamena dans la gestion des déchets.
A une époque, N’Djamena Nadif avait pour mission de collecter les déchets de porte-à-porte, malheureusement, cette initiative municipale a disparu. Bien qu’il n’eût pas de centre d’enfoncement technique, les ordures étaient déposées hors de la ville. Sur ses cendres, des comités d’assainissement et de suivi des déchets ménagers ont été créés dans les différents quartiers de la cité, sous la tutelle des communes. Sont-ils opérationnels ? La réponse est affirmative d’après la coordination de ces cellules.
Ces comités ont commencé leur tournée de collecte en 2011, quand le service d’assainissement et de voiries urbaines a fléchi. « Contrairement à N’Djamena Nadif qui ne passait que sur les grandes artères, nous nous opérons dans les quartiers », explique, Mahamat, le responsable du Comité d’assainissement des quartiers Amtoukouin, Amkoundjara et Dembé. Pour faire enlever ces déchets ménagers, les habitants doivent payer 500 FCFA. Mais les gens ne se bousculent pas pour payer ce service préfèrent gérer leurs déchets eux-mêmes. Un éboueur approché dans l’exercice de son activité croit savoir pourquoi : « Certaines personnes trouvent que 500 FCFA c’est cher. Ils préfèrent jeter eux-mêmes leurs poubelles. »
Fait regrettable, les ordures collectées par ces comités finissent également dans les rues à la demande des habitants toujours pour prévenir les inondations des eaux de pluie. Le processus de gestion de déchet ménagers n’étant pas respecté, certains N’Djamenois côtoient chaque jour des tas d’immondice qui peuvent être des sources de maladie hydrique, de tétanos etc. Et la capitale, loin d’être la vitrine de l’Afrique a des allures de dépotoir à ciel ouvert.