« Afin de parfaire mon style musical, je pars souvent à la rencontre des pleureuses traditionnelles dans leurs environnements à travers le pays, entendre leurs histoires, découvrir leurs vécus, leurs combats et leur résistance aux intempéries », confie Matibeye Géneviève.
Née le 2 septembre 1987 à Moundou, dans la province du Logone Occidental, l’artiste chanteuse Matibeye Géneviève a eu l’amour de la musique dès son jeune âge. À 12 ans déjà, elle intègre la chorale de son église, où elle fait ses débuts en tant que chanteuse. Peu après, elle se lance dans une carrière solo vers les années 2012. Son identité culturelle est focalisée sur les rythmes et les mélodies de la musique tchadienne. Elle tombe donc amoureuse de l’un des patrimoines culturels dénommé « Noon Pah » ou « pleurer la chanson » en langue Ngambaye, l’une des langues du Tchad, qui est devenu aujourd’hui sa ligne de prédilection musicale.
La jeune artiste a une grande volonté d’apprendre pour construire sa carrière, bien qu’au Tchad, dit-elle, « il est très rare de voir des structures de formation dédiées aux arts et à la musique ». Elle participe à des ateliers de musiques, de théâtres, de masters class, de rencontres de tous genres et finit par se faire une épaule artistique assez large pour porter son art. Elle se forme en percussion en orientant sa touche vers le traditionnel, elle joue à la guitare et dispose d’une connaissance scénique parfaite du fait de son passage au théâtre. « Djé Noon Pah » est dorénavant l’appellation qui traduit sa pratique de l’art de « pleurer la chanson ».
En 2022, elle sort son premier album Noon Pah avec 10 titres, un album Blues, Jazz et Afro Pop sur des rythmes traditionnels du Tchad. En dehors de son titre d’artiste, Matibeye Géneviève est présidente et chargée de promotion culturelle de l’association culturelle MTI-NGA créée en 2017. Elle est ambassadrice et star amie des enfants auprès de l’UNICEF Tchad. Très engagée dans les activités caritatives en faveur des femmes et des enfants au Tchad, Matibeye est une « Super Banate star », un collectif d’artistes qui œuvrent aux côtés de l’UNICEF dans le cadre de la sensibilisation des jeunes filles.
Entrepreneure sociale, elle crée le projet « Kelou, le cœur de la femme » qui accompagne les jeunes filles mères, célibataires et veuves dans la transformation des produits cosmétiques, alimentaires et des teintures pour une prise en charge et leur autonomisation. En plus de ce projet, elle en implémente un autre dénommé SASCPN qui est un système de suivi des consultations prénatales via l’envoi des SMS de rappel et de suivi durant la période de grossesse. En 2021, elle crée le collectif « plus jamais ça » qui lutte et sensibilise contre les violences faites aux femmes.
« Mon milieu de vie a changé mon rapport avec la musique. J’y ai été habituée à voir des femmes « pleureuses de chanson », expression qui traduit le terme griot dans ma région. Mon art et ma créativité sont souvent la résultante d’une bonne digestion de mon vécu », a-t-elle indiqué. Plus loin, elle souligne que c’est un recueil, résultat de l’observation de la vie quotidienne dans son milieu, fait de situations et de circonstances culturelles, sociales, économiques ou politiques, qui se matérialise dans ses chansons.
Matibeye Géneviève côtoie de grands noms de la musique africaine et mondiale. Elle a plusieurs fois assisté à des manifestations musicales tant sur le plan national qu’international tel que le festival N’Sangu Ndji-Ndji au Congo Brazza, le Festi-Bikutsi au Cameroun, le festival Saint-Rémy les Chevreuse en France, le Festival Ndjam Vi au Tchad, etc.