Dans le département de Dodjé, province du Logone Occidental, le canton de Mandakao, composé d’une dizaine de villages et de fericks, a été le théâtre d’un massacre sanglant le 14 mai dernier. Deux semaines après la tragédie, le silence règne. Sur place, le constat est glaçant : un vide pesant, quelques silhouettes isolées, et des habitations désertées. Malgré tout, les autorités poursuivent leurs efforts de sensibilisation pour inciter les populations déplacées à revenir.
Autrefois synonyme de paix, de cohésion et de vivre-ensemble, le canton Mandakao, situé dans la sous-préfecture de Beinamar, a vu cette harmonie voler en éclats. Les visages rencontrés sont marqués par la peur et la méfiance. Plus d’une dizaine de villages et de fericks ont été abandonnés. Certains habitants ont fui pour éviter d’éventuelles représailles, d’autres par crainte de nouvelles attaques.
Ce climat de peur fait suite à une tragédie ayant coûté la vie à une quarantaine de personnes. Ce drame a engendré un exode massif, plongeant les localités environnantes dans une atmosphère de suspicion. Ceux qui sont restés portent encore, sur leurs traits, les stigmates du sang versé. Le canton leur est familier, mais il semble avoir changé de visage.
Toutefois, les autorités locales, à commencer par le préfet de Beinamar, Oumar Ali Ousmane, poursuivent leur mission. Avec le soutien du chef de canton et des représentants de la communauté peule, elles appellent au retour des déplacés, à la paix et à la réconciliation. Ces mots sont devenus des leitmotivs, porteurs d’espoir fragile.
Les populations, elles, réclament plus qu’un simple appel à la paix. Si quelques personnes ont été interpellées, beaucoup estiment que seule une véritable politique de réconciliation durable, sous l’égide de la Magistrature suprême, permettra d’instaurer une paix définitive entre les communautés, toutes enracinées dans cette même terre qu’elles revendiquent.
En attendant, l’abandon du canton empêche les habitants de se préparer pour la saison des pluies ou de faire paître leurs troupeaux. Le vide laisse planer une angoisse sourde, tandis que les activités agricoles et pastorales, vitales dans la région, sont à l’arrêt. Plus que jamais, la population attend une action politique forte, capable de garantir la sécurité, la dignité et la stabilité dans une région profondément meurtrie.