Pendant que les débats et discussions tournent autour de la digue en construction au quartier Walia dans le 9ème arrondissement de la ville de N’Djaména sur son coût, sa réalisation et son opérationnalisation, le ministre de l’Aménagement du territoire, de l’habitat et de l’Urbanisme, Mahamat Assileck Halata, a déjà fort à faire. Ce dernier, au cours d’un entretien avec Le N’Djampost a évoqué le coût de réalisation de la digue qui fait polémique, les avancées des travaux sur le terrain. D’autres sujets en lien avec le litige foncier, ses ambitions, le changement qu’il veut incarner, et même des dissensions au sein de son département ministériel ont été abordés.
Le NDjampost : Monsieur le ministre, comment se porte votre département ministériel ?
Mahamat Assileck Halata : Assez bien, malgré les immenses et épars problèmes qu’on peut rencontrer. Je me dis depuis le départ jusqu’à maintenant, le ministère, vaille que vaille, se porte assez bien. Je ne peux pas dire que nous sommes sur une vitesse de croisière quand même assez bonne. Mais depuis qu’on avait commencé en nous attelant un peu à faire les états des lieux, à pouvoir mettre de l’ordre et à pouvoir travailler dans la sérénité, je ne peux que dire que le ministère se porte assez bien et on verra dans les jours à venir si on est encore là, comment faire pour qu’on puisse toucher l’optimum du travail qu’on veut faire.
Des travaux d’aménagement ont été effectués par votre département pour faire face à la montée des eaux cette année. Mais, la situation devient de plus en plus inquiétante ces derniers jours avec la détérioration de la digue de Walia dans le 9ème arrondissement. Quelle assurance pouvez-vous donnez à la population ?
Quelle assurance faut-il donner à la population ? Tout ce qu’on peut dire en parlant du 9ème arrondissement, il n’y a pas que le 9ème arrondissement en termes d’inondations. Si on se réfère à l’année dernière, comme j’avais souvent dit, c’était l’année pour nous d’expérience. Si on a un référentiel, c’est bien cette année-là. On a été pris au dépourvu, malgré l’alerte météo et nous avions fait face tant bien que mal avec les moyens de bord. Par rapport à tout ce qui est catastrophe l’année dernière, cette année, nous avons pris un peu les devants et si vous observez, nous n’avons pas les mêmes cas que l’année dernière. Certains vous diront que non, la pluviométrie n’est pas aussi comme l’année dernière. Ce qu’on oublie de dire, c’est que la pluviométrie à l’arrière du pays, elle est excédentaire. Et comme l’eau passe par des fleuves que vous connaissez, connaissant un peu le niveau d’ensablement de ces fleuves-là, il ne peut qu’y avoir débordement. Et si l’eau n’a pas débordé, il faut dire dans le 9ème arrondissement que c’est grâce à la digue qui est en construction.
Vous avez dit détérioration de la digue. Il n’y a pas de digue qui a été détériorée. Sur la nouvelle digue en construction, sur les 30 Km de construction, tout se passe très bien. Les équipes travaillent jour et nuit pour pouvoir réaliser et attendre les objectifs escomptés. Un incident s’est passé et je n’appelle même pas ça un incident. La semaine dernière où un philanthrope, je dirais, s’est permis de faire des photos amateurs sur une partie de la digue qui est encore en train d’être ensablée. L’entreprise elle-même a fait des ouvertures pour pouvoir mettre des buses et des vannes qui puissent évacuer l’eau. Et il y a eu la pluie. Comme il y a eu la pluie, l’entreprise a marqué un arrêt de 24 à 48 heures afin que le sol soit sec. Quand nous, on a été interrogé sur ce que la personne avait filmé, et qui a fait des vagues dans les réseaux sociaux sur les 22 milliards, je fais remarquer que c’est un faux problème. L’ancienne digue a été construite à plus de 47 milliards et même pas sur 30 Km, voyez-vous ? Cette fois-ci, la digue fait 30 Km avec une hauteur de 3 mètres ou 2 mètres et demi et une largeur de 6 mètres ou même des véhicules peuvent passer là-dessus. Par comparaison à la digue de 47 milliards, Il n’y a pas photo. Et pourtant, ceux qui sont de mauvaise foi commencent à raconter sans pour autant avoir des données techniques. Je voudrais simplement qu’on attende quand la digue sera terminée, qu’on l’aura réceptionnée, à ce moment qu’on vienne nous dire les failles ou les erreurs qui ont été faites et toute erreur est humaine. On est là pour les parfaire. Mais d’emblée comme ça, les travaux ne sont même pas finis et chercher la plus bête, moi je trouve que c’est de la mauvaise foi. Il n’y a pas encore de digue quelque part qui a été détériorée. Encore en comparaison de l’année dernière, ou la main humaine est venue expressément casser les digues pour inonder d’autres compatriotes, cette fois si, on n’a pas cette latitude-là. La digue est bien en place, les comités et associations sont sur place. Ils viennent en consultation au ministère et ils nous disent combien de fois, ils sont joyeux et satisfaits de ce qui se passe sur le terrain. On ne peut pas satisfaire tout le monde et ce n’est que normal.
Est-ce que cette digue pourrait résister au vu de la qualité des matériaux utilisés ?
Le niveau d’eau l’année dernière était à 2 mètres 16. C’est le point le plus culminant. La digue est construite à 3 mètres, 2 mètres 50 par endroit, 3 mètres au point ou l’eau monte. De ce côté on est à l’abri. Vous avez parlé des matériaux, la digue est faite exactement de 6 mètres d’épaisseurs. C’est penser à ne pas avoir l’expérience de l’année dernière où avec une main humaine, on casse la digue pour que l’eau envahisse tout le monde. Toute digue est faite de terre compactée. Quand tout cela se fait avec les déclinaisons sur les cahiers de charges, on sera à l’abri. On s’attèle à juger quelque chose qui n’est pas finie. Quand tout sera parfait, quand on va habiller la digue, venez voir et dites-nous ce qui n’est pas normal. C’est de cette façon qu’on va y arriver. Si c’est fini, je suis d’accord qu’on critique. Les experts connaissent ce qu’ils font. On attend donc la réception.
A voir les avancés sur le terrain, le délai d’exécution ne sera pas respecté. Qu’en dites-vous?
Non. Le délai était sur 3 mois. Nous avions dit 3 mois mais quand il pleut, on marque un arrêt. Ça nous a mis à 47 jours. Il y a les séquences d’arrêt. Le 15 octobre, c’est une estimation. Il leur reste 1 Km 300. Nous estimons qu’ils peuvent le faire avant le 15 octobre 2023. Je fais remarquer que cette digue est garantie pour 15 ans avec une durée de vie de 50 ans. Et l’entreprise est prête à revenir refaire ce qui sera détruit dans les 15 ans et 50 ans de vie, avec les 22 milliards. La digue qui avait cédé par le passé était faite à 47 milliards et elle n’est pas à cet exemple. Et c’est juste des terres argileuses.
Ces travaux d’aménagement sont le plus souvent concentrés à N’Djaména. Quelles politiques avez-vous adoptées depuis votre arrivée à la tête de ce département pour que les autres villes du Tchad en bénéficient ?
Il faut comprendre qu’il y a un maillage général qui est fait. Nous avons des remontées d’informations par nos délégués à travers les 23 provinces du pays. Effectivement, nous essayons malgré l’absence des moyens. Il ne faut pas qu’on pense que nous avons cette facilité financière de pouvoir venir en aide tout de suite auprès de telles entités ou telles entités. Nous intervenons cas par cas, là où vraiment il y a urgence. Je prends l’exemple de l’année dernière dans le Lac, où nous avons intervenu auprès des populations inondées. Mais sur l’ensemble du territoire, nos équipes sont là et en cas de situation, on réagit. Les moyens font défaut pour envoyer les agents en mission dans les provinces. On fait des efforts car en cas de catastrophe, on intervient toujours.
Malgré l’instauration du guichet unique, l’obtention des documents fonciers est très lente au Tchad. Où se situe le problème ?
C’est un problème de culture. Nos compatriotes n’ont pas cette aisance d’aller vers les guichets uniques. Le Guichet unique ne fonctionnait pas quand je suis arrivé. Certains me disaient que je n’y arriverais pas, même si je parcours tous les marabouts du pays. Mais nous avons travaillé dur avec les équipes pour le relancer et nous y sommes parvenus. Le Guichet unique fonctionne de façon optimale parce que nous sommes en train de parfaire le système. Nous sommes en train de reboiser le personnel du guichet puisque certains ont été suspendus à cause des malversations. On va également renforcer les machines pour rendre ce guichet optimal dans un proche à venir. L’expertise est là. Nos compatriotes ne vont plus souffrir dans les retards de dossiers dans un département donné. La lenteur trouvera sa source rapidement.
La falsification des titres fonciers est très récurrente au Tchad. Quelles sont les dispositions prises par le ministère pour faire face à ce problème ?
Ça ne sera que complémentaire, E-conservation. Mais par rapport aux faux et usages de faux, je peux vous dire, il y a en beaucoup. Il y a des falsifications des titres fonciers, des dossiers de cadastres et des gens ne trépignent pas devant le faux. Nous avons mis sur place une commission interministérielle avec le ministère de la justice. Nous avons posé le problème et nous sommes en train de trouver les solutions adéquates. Tout ce qui est falsifié sera combattu et la justice va se saisir du dossier. Bientôt ça serait un problème résolu. Il y a un tribunal foncier spécifique qui est en vue pour désengorger la justice.
La ville de N’Djaména s’agrandit de jour en jour. Quelle politique votre département a mise en place pour lutter contre les occupations anarchiques ?
D’abord pour votre information, nous avions procédé à un recensement des occupations des réserves de l’Etat, de façon illicites sur les 10 arrondissements de la ville de N’Djamena. C’est un sujet qui est en train de trouver son épilogue. Le rapport est sur la table du chef de l’Etat et chez le premier ministre. Nous avons instruit pour trouver rapidement les solutions. Les occupations anarchiques peuvent s’arrêter quand au ministère, nous-mêmes, on déploiera un plan d’urbanisation clair. Aujourd’hui, la ville de N’Djamena s’agrandit n’importe comment. Chacun construit, dans sa tête, la route passe par là et il s’en fout… Ailleurs, on urbanise l’endroit, le passage d’eau, l’électricité, le téléphone avant de donner la permission de construction. Tout cela est en étude pour notre cas. Mais ce qui est sûr, la ville de N’Djamena est saturée. On va aller au-delà d’une nouvelle ville qui sera tracée par les Tchadiens, d’ici les 10 ans qui arrivent. Si on veut une ville viable, on va penser construire une ville administrative à 50 km de N’Djaména.
Votre mot de fin ?
Merci à N’DjamPost qui est venu vérifier les informations auprès de la source autorisée et fiable sur ce sujet de portée nationale. C’est une preuve de professionnalisme pour un média.
Il faut savoir que nous aimons tous ce pays qui est le Tchad. Quand il y a quelque chose par intérêt qui touche le pays, soyons solidaires. La réalisation des infrastructures, ne doit pas être vue d’un œil politique. On doit faire les critiques de façon technique mais cessons de critiquer parce que c’est Assileck qui l’a fait ou demain, c’est un Succès Masra qui est premier ministre, ou un Wardougou président de la République… ah non je n’aime pas sa tête, donc il faut le critiquer. Ne critiquons pas parce que la tête des gens ne nous convient pas. On le fait pour le Tchad et non pour les yeux du diable. Avec cette digue, plusieurs personnes seront sauvées. Soyons solidaires pour la parfaire. A la politique, la politique, la culture pour la culture, aux infrastructures les infrastructures. On doit faire la différence des choses. Ce n’est pas facile pour analyser et être réceptif, surtout quand on a pas été à l’école mais pour le Tchad, ayons tous le même langage.