Dans les quartiers de N’Djamena, de petites bouteilles et des sachets de liqueurs se trouvent partout. Ces boissons attirent de nombreux jeunes, car elles sont bon marché et agissent rapidement. Pourtant, elles représentent un danger majeur pour la santé. Malgré leur interdiction par le gouvernement, elles continuent d’être vendues dans les marchés et dans les rues, souvent en cachette. Derrière cette tendance, se cache un poison qui détruit la vie de nombreux jeunes.
Les liqueurs frelatées sont fabriquées sans aucun contrôle. Elles contiennent des substances toxiques qui peuvent rendre gravement malade, voire tuer. L’un des plus dangereux est le méthanol, un produit chimique utilisé dans l’industrie. Lorsqu’il est ingéré, il attaque les yeux et peut provoquer une cécité. Dans certains cas, il affecte les reins et peut être mortel.
D’autres substances, comme l’acétaldéhyde, provoquent des maux de ventre, des nausées et des vomissements. Ces boissons contiennent aussi parfois des métaux lourds, tels que le plomb et le mercure, qui endommagent le cerveau et augmentent le risque de maladies graves comme le cancer.
Les conséquences sont terribles. À court terme, la consommation de ces liqueurs peut entraîner des vertiges, des troubles de la vision, des maux de tête et des pertes de connaissance. À long terme, elle expose à des maladies du foie, comme la cirrhose, ainsi qu’à des problèmes rénaux et cardiaques.
Le docteur Kossadoumadi Bendjedid, médecin à l’Hôpital de l’Union, tire la sonnette d’alarme. Il affirme que plusieurs jeunes ont perdu la vue après avoir consommé ces boissons toxiques : « J’ai déjà traité plusieurs cas où les patients devenaient aveugles après en avoir bu », témoigne-t-il.
Que faire en cas d’intoxication ?
Lorsqu’une personne est intoxiquée après avoir consommé une liqueur frelatée, il faut agir rapidement. Les signes d’alerte incluent de violents maux de tête, des vomissements incontrôlables, une vision floue ou trouble, une perte d’équilibre et une confusion.
Si quelqu’un présente ces symptômes après avoir bu une liqueur, il faut immédiatement appeler les secours. Il ne faut surtout pas lui donner de l’eau ni essayer de le faire vomir, car cela pourrait aggraver son état. Si possible, il est recommandé de conserver un échantillon de la boisson pour aider les médecins à identifier le poison, conseille le médecin traitant.
Ces liqueurs dangereuses continuent d’être vendues malgré leur interdiction. Elles circulent clandestinement et de plus en plus de jeunes en consomment. Pour lutter contre ce problème, il est urgent que les autorités renforcent les contrôles afin d’interdire leur vente. Les parents et les éducateurs doivent sensibiliser les jeunes aux dangers de ces boissons, et ces derniers doivent être informés afin de refuser leur consommation. « C’est un problème qui nous concerne tous. La solution doit être collective », insiste le Dr Bendjedid.
La santé et l’avenir de la jeunesse tchadienne sont en péril. Il est temps d’agir avant qu’il ne soit trop tard.
Ousmal Jumelia