Les élections locales : un théâtre de rééquilibrage politique majeur

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Les élections législatives, communales et provinciales prévues pour le 29 décembre 2024 au Tchad représentent un tournant crucial pour la restructuration du paysage politique du pays. Cette échéance marque une étape décisive vers le retour à l’ordre constitutionnel, après une période de transition. L’élection d’une nouvelle Assemblée nationale, ainsi que celle des conseils communaux et provinciaux, redéfinira non seulement les institutions, mais aussi les forces politiques en présence.

En tête des enjeux, le Mouvement Patriotique du Salut (MPS) se prépare à affronter ces élections dans un contexte de dissolution de la coalition Tchad Uni, qui avait soutenu Mahamat Idriss Déby Itno lors de la présidentielle. Avec cette dissolution, le MPS devra peut-être faire face à ses anciens alliés, dont certains, comme l’UNDR de Saleh Kebzabo ou le RNDT-Le réveil, pourraient devenir des concurrents redoutables. Pour Zen Bada, secrétaire général du MPS, l’enjeu est double. Candidat dans sa région natale de Bitkine, Bada vise un siège à l’Assemblée, mais nourrit également, selon certaines spéculations, des ambitions pour le perchoir de l’Assemblée nationale. S’il y parvient, cela renforcerait encore davantage l’emprise du MPS sur les institutions, en dépit de la nouvelle configuration politique.

Du côté de l’opposition, les regards sont tournés vers Succès Masra et son parti Les Transformateurs. Avec des scores impressionnants lors des dernières élections présidentielles, notamment dans le sud du pays où il est arrivé en tête, Masra fait désormais face à un choix stratégique : concentrer ses efforts sur ces régions où il bénéficie déjà d’un électorat acquis, ou tenter une approche plus globale pour étendre son influence nationale. Mais le leader du parti Les Transformateurs ne souhaite pas tomber dans la même bourde que celle de la présidentielle. Et ce, quoique la jeunesse, cœur de son électorat, pourrait jouer un rôle déterminant dans ces élections et lui consacrer des sièges, Masra refuse de cautionner une fois de plus des élections « dont les résultats sont déjà dans les ordinateurs ».

Pahimi Padacké Albert, arrivé troisième lors des présidentielles, cherche quant à lui à renforcer la position de son parti, le RNDT-Le Réveil. Bien que confronté à la concurrence de formations politiques émergentes comme Les Transformateurs, Pahimi espère capitaliser sur ses bases pour devenir le principal parti d’opposition, surtout que personne ne l’attendait avec un score si haut lors des élections présidentielles.

Ces élections posent également la question de la stratégie des alliés du MPS. L’UNDR de Saleh Kebzabo choisira-t-il de faire cavalier seul ou d’établir une alliance tactique avec le MPS pour maximiser ses chances ? De même, le RDP d’Allahou Taher tentera de renforcer son influence dans le Kanem, tandis que d’autres partis alliés devront définir leur propre stratégie pour tirer leur épingle du jeu.

Quant au PLD, il devra décider s’il souhaite maintenir son soutien au pouvoir ou tenter de s’affirmer de manière plus indépendante comme ce fût longtemps le cas sous le pouvoir du Maréchal.

Les législatives, communales et provinciales de 2024 seront ainsi le théâtre d’un rééquilibrage politique majeur. Si le MPS aspire à maintenir son influence, il devra faire face à une opposition de plus en plus organisée et à d’anciens alliés devenus rivaux. L’issue de ces élections déterminera la nouvelle configuration du pouvoir et redéfinira le paysage politique du Tchad pour les années à venir.

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