La recrudescence de certaines maladies comme le paludisme, la diarrhée expose certaines personnes à l’automédication. Face à ces maladies fréquentes, les habitants préfèrent se soigner eux-mêmes avec des médicaments conventionnels ou non sans conseils médicaux.
Nombre de N’djamenois sont ceux qui attendent qu’une maladie arrive à son point de déclin avant de conduire son proche à l’hôpital. Pendant ces temps écoulés à la maison, ils se basent sur des recommandations des proches ou sur des expériences passées pour administrer des soins maison à ce dernier. Le phénomène est devenu récurrent en ces périodes de crue.
Il est difficile à certains citoyens vivants dans des zones reculées d’accéder aux centres de santé pour des soins. Ils ne trouvent autres possibilités que l’automédication. Il n’y a pas qu’eux, car beaucoup sont ceux qui, par manque de moyens financiers, pour ainsi parler des coups élevés des produits de santé, s’adonnent à cette pratique qui est d’emblée lourde de conséquences. Tel, le cri de cœur de Martha rencontrée au quartier Amtoukouin de la ville de N’Djamena : « Le réel problème, c’est la pauvreté. Avec un 3 000 FCFA, je peux avoir les antipaludéens, or à l’hôpital, il te faut passer par la consultation, les examens, les médicaments et même le lit d’hôpital est payant, ce n’est pas à la bourse de tout le monde ». Généralement, ces médicaments sont achetés dans des pharmacies de quartier ou parfois auprès des vendeurs informels sans consultation préalable. Il s’agit pour la plupart du temps des paracétamols et des antipaludiques.
Charles, un débrouillard et chef de famille, lui, se plaint du manque d’hospitalité dans certaines structures de santé : « On dit que le premier traitement du patient est l’accueil, mais c’est tout le contraire chez nous. Et pire, on ne traite pas correctement la maladie, à moins d’une semaine le mal revient donc mieux, je reprends le traitement à la maison ».
La santé n’a pas de prix !
Vraisemblablement ces médicaments sont moins chers, mais est-ce pour autant qu’il faille mettre sur une balance son bien-être ? Le manque de régulation des pharmaciens et des vendeurs informels pérennise leurs actions, celle de proposer des médicaments contrefaits ou périmés. C’est un danger de la santé publique. Pour Éric Kaimba, Technicien supérieur en sciences infirmières, sans conseil médical, l’automédication peut provoquer des effets secondaires très dangereux, voire des intoxications médicamenteuses : « le recours à l’automédication peut masquer des symptômes de maladies plus graves. Cela peut retarder le diagnostic et le traitement ».
Informer la population sur les dangers de l’automédication et les encourager à consulter des professionnels de santé serait un pas, mais le plus important et urgent est l’amélioration des infrastructures, rendre accessible les centres de santé, mais aussi et surtout la lutte contre les médicaments de la rue. En dépit de tout cela, il est clair que la santé n’a pas de prix.
Ousmal Jumelia (Stagiaire)