À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée ce samedi 3 mai 2025, l’organisation MEDEV a réuni des professionnels des médias à l’espace Betna pour une causerie-débat autour d’un thème d’actualité : « Médias libres, démocratie forte. Quel avenir pour la liberté de la presse à l’ère de la désinformation ? »
L’objectif est de susciter une réflexion critique sur les avancées, les failles et les perspectives du journalisme tchadien face aux nouvelles menaces, notamment la désinformation massive alimentée par le numérique.
Parmi les intervenants, le journaliste Laldjim Narcisse est revenu sur l’historique de cette journée, rappelant qu’elle fut proclamée en 1973, en référence à une déclaration de l’ancien président Idriss Déby Itno qui affirmait en 1970 : « Je vous apporte ni or ni argent, mais la liberté. » Une phrase symbolique, selon lui, qui mit fin au monopole étatique sur l’information. À cette époque, seuls quelques médias publics et N’Djamena Hebdo, fondé en 1989, couvraient des sujets cantonnés à la société, au sport et à la publicité.
Depuis la libéralisation, le paysage médiatique s’est diversifié. Mais cette pluralité n’a pas totalement levé les obstacles à une presse indépendante et éthique.
Un constat partagé par le journaliste Laoro Gondjé. Tout en saluant le dynamisme actuel, avec huit chaînes de télévision ; vingt-quatre radios privées à N’Djamena; cinq radios régionales dans le sud et plus d’une centaine de médias en ligne, il déplore des pratiques professionnelles parfois douteuses. Le vrai défi, dit-il, ne réside pas seulement dans la liberté d’exister, mais dans la manière d’exercer ce métier, sans dérives, sans diffamation, sans parti pris.
Il a également mis en garde contre l’utilisation abusive de la liberté de la presse à des fins de manipulation, soulignant la nécessité d’un cadre éthique rigoureux.
La rencontre s’est conclue sur un appel fort au renforcement des principes déontologiques et à une formation continue des journalistes, indispensables pour préserver une presse libre, crédible et au service de la démocratie.