Le phénomène des grossesses précoces et non désirées chez les adolescentes tchadiennes prend une ampleur inquiétante, cela révèle de l’absence de l’éducation sexuelle. Chaque année, le nombre de jeunes filles de moins de 15 ans, devenant mères, croît de façon alarmante. Cette réalité n’est pas seulement une question individuelle, mais un enjeu de société.
Il ne suffit pas d’attendre qu’une adolescente contracte une grossesse afin de trouver le moyen de panser les plaies portant le dossard « fille-mères », « filles déscolarisées » ou « interruptions volontaires de grossesse (IVG) ». Le problème est à la moelle et il est plus qu’urgent de s’y attarder. Depuis quelques années, le nombre des filles de moins de 15 ans enceintes croit à une vitesse fulgurante. Ce phénomène s’observe un peu partout dans les foyers tchadiens. Pour de nombreuses causes, dont la plus inquiétante est la délinquance juvénile qui prend dernièrement ses sources avec l’avènement de l’internet. Les jeunes sont de plus en plus exposés aux films dits pornographiques et surtout la diffusion de certains films à caractères sexuels dans les télévisions sans mesures de restriction.
Le suivisme n’est pas du reste, la génération actuelle est une génération branchée et donc fêtard comme ils aiment le dire. La plupart de ces grossesses sont la résultante d’un coup d’un soir dans les soirées appelées communément par ces jeunes « Mouvements ». Sachant que relation amoureuse et sexe, l’un ne va pas sans l’autre et que l’alcool sans modération est un excitant, le chemin est tout tracé pour ces jeunes. A ne pas perdre de vue, les notes sexuellement transmissibles qui sont des biens mal acquis et donc n’en profite jamais.
Un tabou aux lourdes conséquences
Il va sans dire que la sexualité reste à nos jours un tabou dans la majorité des foyers tchadiens. Les parents sont les premiers responsables de leurs enfants et, de ce fait, doivent se donner pour mission d’enseigner à leur progéniture les dangers liés à l’ignorance des sujets ayant trait à la sexualité. Créer un climat de confiance avec ces enfants les amènera à parler de leur sexualité, à agir avec responsabilité et surtout à assumer les conséquences de leurs actes.
Parler de sexualité ne signifie pas encourager l’acte, mais plutôt armer son enfant d’une compréhension saine des risques et des responsabilités qui lui incombent. Sinon, un enfant qui donne naissance à un autre soulève une question fondamentale : à quoi cela peut-il rimer si ce n’est qu’à perpétuer le cycle fille-mère, filles déscolarisées.
Agir avant qu’il ne soit trop tard
Plus la sexualité demeurera un tabou dans nos ménages, plus le nombre de fille-mères, des filles déscolarisées, des enfants abandonnés dans les rues et des avortements clandestins ira crescendo. En lieu et place de panser les blessures comme le font de nombreuses associations aidant les filles déscolarisées ou soutenant les mères adolescentes, il est impératif de prévenir les causes en amont. Les autorités publiques, à travers le Ministère de la Femme et de l’Action sociale, ainsi que les associations locales, doivent intensifier leurs efforts de prévention. Des campagnes de sensibilisation sur l’éducation sexuelle et des politiques strictes pour limiter l’accès des mineurs aux contenus inappropriés sur les réseaux renverseraient la tendance.
Briser le tabou sur la sexualité dans les ménages, c’est faire un premier pas vers une génération plus consciente, responsable et une jeunesse féminine autonome.
Ousmal Jumelia