Du Mayo Kebbi à Goz Beida en passant par Abéché ou Mao, le mot d’ordre est la pérennisation. En 5 ans, le gouvernement tchadien avec l’appui du Programme Alimentaire Mondial (PAM), a restauré plus de 400 sites de terres dégradées, soit 30.000 hectares de terres agricoles et pastorales, 410 km de routes ont été construits et plus de 4 millions de plants ont été produits et plantés pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle de plus de 470 000 bénéficiaires dans 18 provinces.
Malgré les défis économiques, climatiques, sécuritaires, sociaux associés à d’autres chocs endogènes, le Tchad maintient sa tradition de terre d’accueil et d’hospitalité pour plus d’un million de réfugiés. Dans un contexte où la crise du Soudan fragilise la sécurité alimentaire à l’Est, l’accent est mis sur la restauration des terres dégradées et des écosystèmes productifs pour éradiquer la faim et la malnutrition dans le pays. L’approche du PAM basée sur l’approche « 3PA » c’est-à-dire l’analyse intégrée du contexte, la programmation saisonnière basée sur les moyens d’existence et la planification communautaire participative se fait principalement en collaboration étroite avec des ONG nationales mais aussi internationales et les universités.
L’union entre le gouvernement et le PAM est basée sur l’objectif de réduire significativement la dépendance vis-à-vis de l’assistance humanitaire. Le premier chantier est d’investir dans le renforcement de la résilience dans les zones exposées à divers chocs récurrents qui mettent en péril la sécurité alimentaire des ménages par la restauration des écosystèmes, des actifs productifs, des terres dégradées ainsi que la mise en valeur de ces potentiels productifs.
Le deuxième consiste à améliorer les chaînes d’approvisionnement locales et accompagner les producteurs dans le développement de la production, la transformation et la commercialisation des produits agricoles. Il existe de nombreux exemples de réduction des besoins humanitaires lorsque des programmes de résilience efficaces sont étendus et soutenus.
A Abéché, par exemple, le site de Tandou financé par l’Allemagne à hauteur de plus d’un million de dollars, a généré une valeur financière de plus de 1 850 847 dollars en 4 ans grâce à la vente des céréales et légumes récoltés sur près de 800 hectares de terres jadis improductives. Les assistances humanitaires et saisonnières (période de soudure) reçues au cours des années précédant la mise en œuvre du projet ne sont qu’un souvenir lointain et douloureux qui maintenant laisse place à l’espoir pour les 10.000 bénéficiaires de ces terres réhabilitées à Tandou.
Au Lac également, où 2.000 personnes exploitent à Kangalam le polder et les digues réhabilitées, le projet a permis de générer pour les bénéficiaires une manne financière estimée à plus de 2 millions de dollars en seulement 3 ans à la suite d’un investissement de 2 209 663 dollars.
La collaboration entre le gouvernement et le PAM vient également soutenir les femmes, en les impliquant davantage dans la planification communautaire et les activités socioéconomiques. Les opportunités d’emploi pour les jeunes sont du reste non négligeable au vu de l’importante réduction de l’exode des bras valides qui trouvent des nouvelles opportunités dans leurs propres villages.