Éphémérides : le 15 novembre 1917, le jour où la France massacrait les Oulémas au Tchad

Il y a de cela 106 ans, les autorités coloniales françaises étaient à l’origine du massacre de plusieurs dizaines de personnalités influentes et des dignitaires religieux au Tchad. C’était le 15 novembre 1917 lors de l’opération appelée « coupe-coupe ».

En 1900, le territoire du Tchad tombait aux mains des Français, bien que quelques couches sporadiques de résistances essayaient de défier le nouveau maître du territoire. Ces Français sont persona non grata dans certaines contrées. Dans le Ouaddaï, même si le Royaume est tombé, la population, elle, est restée hostile aux colons qui sont confrontés à des assassinats. Toutefois, celui du Maréchal des logis Guyader au marché d’Abéché à coups de couteau, ne passera pas sans représailles.

En effet, le 15 novembre 1917, le commandant Gérard ordonna à ses éléments de neutraliser l’Aguid (chef militaire) de Dokom ainsi que ses hommes. Ces dignitaires sont soupçonnés « de tramer un complot contre les Français ».

Au-delà de ces dignitaires ou chefs militaires et leurs hommes, le lourd tribut de ce massacre a été payé par les Faqih et les Oulémas. Ils seront plusieurs dizaines à être assassinés par l’autorité coloniale. Comme pour donner un exemple, l’historien Mahamat Adoum Doutoum dans Chronique d’un massacre au coupe-coupe, écrit que, toutes ces personnes tuées ont été décapitées. Leurs têtes quant à elles ont été posées « en deux rangées à l’entrée de la circonscription, à l’emplacement actuel du monument aux morts d’Abéché ». Après cela, il s’en est ensuivi un pillage et la déportation vers d’autres contrées de plusieurs Faqîh.

Les répercussions de ces massacres sont énormes. Le Ouaddaï s’est vidé de ses Oulémas, contraints à l’exil vers le Soudan où en Égypte, tous deux des colonies anglaises à l’époque. Selon les historiens, il y a eu des « villages entiers qui se sont vidés ». Cet exil de masse a impacté l’enseignement de l’arabe et l’école coranique.

Cependant, le cerveau de ces massacres, le commandant Gérard, n’a pas été jugé ni mis en examen. Il a été « simplement mis d’office à la retraite anticipée ».

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