Par respect pour la tradition militaire imposée par le Général Félix Malloum, Hissein Habré, dit « le lion de l’UNIR » (Union Nationale pour l’Indépendance et la Révolution), s’empara du pouvoir le 07 juin 1982 et la capitale tchadienne se réveilla avec son image le lendemain. Il éjecta Goukouny Weddeye pour diriger le pays sur 8 ans avant que son bras droit, Idriss Deby Itno, ne vînt mettre fin à son règne.
Hissein Habré avait rejoint les rebelles du FROLINAT contre le Gouvernement dominé par le sud dans la première guerre civile tchadienne. Le 21 avril 1974, dans la région du Tibesti, lui et ses rebelles avaient enlevé un médecin allemand et l’archéologue française Françoise Claustre qui ne fut libérée que le 1er février 1977, en même temps que son mari Pierre Claustre, lui-même enlevé le 26 août 1975. Une affaire qui a marqué la France.
Hissein Habré fut tenu pour responsable de la torture et de l’exécution sommaire, le 4 avril 1975, de l’émissaire envoyé par le Gouvernement français pour négocier leur libération, le commandant Galopin. En raison d’une rupture avec Goukouny Weddeye, lui aussi commandant rebelle, Habré et son armée rebelle les Forces Armées du Nord (FAN) décidèrent de s’allier brièvement avec le Gouvernement de Felix Malloum avant de se retourner contre ce dernier. Sous les termes des Accords de Lagos de 1979, Malloum démissionna et Habré fut nommé Ministre de la Défense dans le Gouvernement d’Union Nationale de Transition (GUNT) avec Weddeye comme Président. Leur alliance s’effondra rapidement, menant à une deuxième guerre civile qui s’acheva en 1982 quand les forces de Habré renversèrent Weddeye.
Devenu le nouveau président du Tchad le 08 juin 1982, Hissein Habré imposa une dictature gouvernée par son Union Nationale pour l’Indépendance et la Révolution (UNIR) sous laquelle le pays dut faire face à une violation généralisée des droits de l’Homme. Cela le fit automatiquement ressembler à Ngarta Tombalbaye contre qui il avait formé une rébellion quelques années plutôt.
Par la suite, Hissen Habré reçut le soutien de la France et des États-Unis, pays de la Démocratie et des droits humains, tout au long de son régime en raison de son opposition au dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi. Il dirigea le pays pendant le conflit tchado-libyen, aboutissant à la victoire en 1987 dans la guerre des Toyota avec le soutien français. Il fut renversé en 1990 par un coup d’État fomenté par son ancien Général, Idriss Déby, et se réfugia au Sénégal.
En 2006, il fut inculpé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture. Son procès, qui s’était ouvert à Dakar en 2015, est la première utilisation de la compétence universelle sur le continent africain. Human Rights Watch affirme que 1.200 personnes ont été tuées et 12.000 torturées par son régime. Il fut condamné à la prison à perpétuité en 2017. Quatre ans plus tard, Hissein Habré mourut en prison du Covid-19.