La Mairie de N’Djamena a décidé de faire disparaître le marché de téléphones et accessoires appelé « Gar tigo », le mardi, 11 juin 2024. Pour les commerçants de ces lieux, il n’y a pas eu de réflexion et de concertation. Il s’agit d’un marché où beaucoup de jeunes diplômés trouvent le gain. « Cette décision est arbitraire », clament-ils.
Déguerpir est une chose, mais le faire pour une raison fondée et réfléchie en est une autre. La Mairie n’a pas daigné avertir, trouver un autre emplacement et faire table rase du marché, nous apprennent les jeunes débrouillards. Et ce, avec grogne et déception. « Si nous n’avons pas le droit de commercer ici, nous avons au moins celui d’être informés de la décision. Il s’agit d’un lieu qui nourrit des centaines de bouches et la Mairie se permet de s’en défaire sans la moindre hésitation, le moindre dialogue. C’est injuste ! », laisse entendre Issa, un jeune licencié de Droit Public obtenu à l’Université de N’Djamena et qui travaille à Wall Street depuis plusieurs mois.
Pour Idriss, un autre jeune commerçant, d’où qu’elle vienne, cette décision est un acte qui va peser sur les jeunes. Pour lui, si l’autorité est dans l’incapacité d’aider les chômeurs tchadiens, elle n’a pas intérêt à détruire l’économie de ceux qui se débrouillent. « Avant de procéder à nous l’interdire, la Mairie devrait songer à nous trouver un autre emplacement et nous demander de nous y installer. Mais force est de croire que tout passe par la force dans ce pays. Comme on a l’autorité, on se lève un matin et on décide de couper le gain journalier d’une personne », déplore le jeune homme, la voix tremblante.
Les commerçants du marché de téléphones portables sont unanimes pour dénoncer une action communale arbitraire. Pour eux, la moindre des choses était de les prévenir et leur trouver un autre emplacement. Il s’agit, regrettent-ils, d’une volonté entretenue pour asseoir une certaine politique et traiter les tchadiens comme des indésirables dans leur propre pays.