Son nom est à présent presque confondu à la peinture au Tchad. Kirdassi est un artiste hors pair dans l’univers de l’art plastique. Il utilise le Loh pour réaliser ses œuvres. Portrait d’un artiste autodidacte qui rêve de tutoyer le sommet de son art.
Dans le hall d’un hôtel de N’Djamena, ce 28 mai 2023, une foule immense composée des hommes de culture, professionnels, d’amateurs, des diplomates ainsi que des cadres du ministère de la culture, est venue contempler l’exposition des plusieurs artistes peintres de l’association Alliance Sakhafa. Parmi ces artistes, se trouve un peintre atypique, Ahmat Hassan Kirdassi. Beaucoup se ruent vers ses œuvres pour se filmer ou se faire filmer avec l’artiste lui-même.
Très jeune, Kirdassi découvre ce talent caché en lui grâce à un atelier organisé par le Centre culturel Al-Mouna à N’Djamena. Cet atelier a réveillé le talent de peintre qui sommeillait en lui. « Cet atelier a été pour moi le déclic. Parce que les petites choses que je faisais sans intérêt ont suscité beaucoup d’intérêts aux yeux des invités. J’ai eu beaucoup d’encouragements » se souvient l’homme des pinceaux. C’est ce qui lui a donné l’envie de peindre.
Valoriser le patrimoine culturel commun du Tchad et l’exporter au-delà des frontières, c’est le souhait de cet autodidacte. Il a exposé dans les pays de la sous-région, en France etc. Ses tableaux témoignent amplement cette valorisation. Des peintures ruptures de l’Ennedi en passant par Gaoui, et les cases obus de Mousgoum, les tableaux de Kirdassi, aux couleurs vives et chaudes, « sont une passerelle entre la tradition et la modernité ».
Kirdassi ne peint pas sur les supports ordinaires. Pour accoucher sa créativité, il a préféré le Loh, cette ardoise en bois qu’on rencontre dans toutes les écoles coraniques du Tchad, pour l’apprentissage et l’écriture. Un choix loin d’être anodin pour Kirdassi. « Déjà à la base, le Loh a une forme artistique unique qui suscite souvent l’interrogation. Et c’est un support qui, à la base est destiné pour des belles écritures ou calligraphies. Je me suis dit pourquoi ne pas aussi l’utiliser pour peindre suivant toujours l’esprit de faire du beau et aussi de l’extraordinaire. Mis à part son côté symbolique du savoir, j’aime l’utilisation de cette ardoise car elle se marie bien avec les scènes de mes œuvres inspirées de mon entourage », raisonne-t-il.
Pour Kirdassi, l’art est aussi synonyme de partage. Partager ses créations avec un large public mais aussi ses expériences avec ceux-là qui n’en ont pas eu l’occasion. A travers l’Alliance Sakhafa, Kirdassi avec d’autres artistes peintres tels que Chedei, Djam’B et Tidjani volent depuis quelques années au secours des enfants en situation de handicap à travers l’art-thérapie.
Ouvrir la première école d’art plastique dotée d’une galerie et une section art-thérapie reste encore le rêve de celui-là qui peint sur les Loh.
Souleyman Torbo