Chaque 23 avril, le Tchad se joint au reste du monde pour célébrer le livre. Des auteurs dévoilent leurs œuvres, les salles se remplissent, les mots vibrent. Mais une fois les projecteurs éteint, le silence prend ses droits. Le livre vit au temps d’une dédicace et sombre dans l’oubli par la suite.
Le Tchad ne manque pas d’auteurs. Des jeunes, des femmes et hommes écrivent, publient. Les textes sont puissants, les histoires sincères. Mais une fois le livre lancé, la communication s’arrête. On a l’impression que la dédicace est l’objectif final, et non le début d’une vie littéraire. Très peu de campagnes de promotion. Pas de présence régulière sur les réseaux sociaux. Les médias en parlent à peine, les librairies, les bibliothèques sont Souvent désertées. Résultat, les livres restent invisibles ou Pire, ils sont oubliés.
Et en face, le public n’est pas préparé à lire puisqu’on ne lui donne pas envie. Le livre reste perçu comme un objet scolaire, parfois ennuyeux. Lire n’est pas encore un réflexe chez le citoyen lambda. Pourtant, lire, c’est voyager sans quitter le sol. Lire, c’est comprendre le monde et se comprendre soi-même.
Un sursaut culturel est possible
Il est temps de sortir le livre tchadien de l’ombre. Les auteurs doivent apprendre à faire vivre leurs œuvres dans le temps. Utiliser les réseaux, créer des rencontres, multiplier les lectures publiques. Les médias doivent aussi faire leur part, quitte à consacrer des chroniques au livre, inviter les écrivains, vulgariser la littérature.
Mais au fond, tout commence dès l’école. Il faut réconcilier les jeunes avec la lecture. Faire du livre un plaisir, pas une punition. C’est tout un écosystème qu’il faut construire : des éditeurs engagés, des librairies accessibles, des festivals réguliers, des lecteurs curieux.
En ce 23 avril, la question reste ouverte : écrit-on pour la gloire d’un jour, ou pour l’éveil d’un peuple ? Au Tchad, les livres méritent mieux qu’une dédicace et l’oubli. Ils méritent de vivre, de circuler, de nourrir les esprits.