Ali Bongo éjecté par les militaires. L’épidémie des coups d’État semble se propager sur le continent africain. Après le père, le fils, c’est peut-être la fin de la dynastie Bongo. C’est le crépuscule des Bongo à l’aube du 30 août 2023. Tout sera refait au Gabon en fonction de l’annulation ou non du processus électoral. Dès lors, aucun chef d’État africain n’est à l’abri depuis la prise de pouvoir par les militaires dans quelques pays africains. Du Mali en passant par la Guinée, le Burkina Faso et le Niger, c’est au tour du Gabon où la famille Bongo a régné pendant 55 ans, de plonger dans une transition militaire.
Des militaires ont destitué, le mercredi 30 août 2023, le président »sortant » gabonais, Ali Bongo Ondimba, au pouvoir depuis 2009. Ils ont à leur tête, le chef de la garde républicaine, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, de facto chef de la transition. Un Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) a été mis sur pied pour assurer la continuité de l’État. Sa prestation de serment est prévue pour ce lundi 04 septembre 2023 au Palais présidentiel de la Rénovation au bord de Mer à Libreville. Ce coup de force de trop orchestré par la grande muette, a eu lieu quelques jours après la proclamation des résultats de l’élection présidentielle. Comme au Niger et en Guinée, c’est celui-là même qui est chargé de veiller à la sécurité du président Bongo fils, qui l’a déposé.
Au cours de la présidentielle du 26 août 2023, le président sortant Ali Bongo Ondimba, était candidat à un troisième mandat consécutif, puis réélu sur fond de contestation. Ciblé en janvier 2019 par un putsch raté, le président gabonais a finalement été réélu pour un troisième mandat le 30 août, avec 64,27% des voix, avant d’être renversé dans la foulée, par des militaires qui assurent l’avoir « mis en retraite pour des raisons sanitaires ». Malgré les condamnations internationales, le peuple gabonais apporte son soutien aux militaires qui ont pris le contrôle du territoire et du palais présidentiel de la Rénovation au bord de Mer. Le président déchu est assigné en résidence surveillée et dans la foulée, les putschistes ont annoncé l’arrestation de 7 personnalités pour « haute trahison contre les institutions de l’État, détournement massif des deniers publics, malversations financières internationales en bandes organisées, faux et usage de faux, falsification de la signature du président de la République, corruption active et trafic de stupéfiants ». Parmi les personnes mises aux arrêts se trouvent des proches du président Ali Bongo Ondimba. En l’occurrence son fils, Noureddine Bongo Valentin, ainsi que son conseiller spécial Jessye Ella Ekogha, par ailleurs porte-parole de la présidence de la République gabonaise. « Une enquête sera commise par les autorités compétentes et les concernés répondront de leurs actes », a déclaré le CTRI.
Pour rappel, les putschistes ont annoncé le coup d’État à la télévision Gabon 24, juste après la proclamation de la victoire d’Ali Bongo Ondimba à la présidentielle, avec 64,27 % des voix, contre 30,77 % pour son principal rival, Pr Albert Ondo Ossa, qui dénonçait des fraudes massives. Ces militaires apparus à la télévision le 30 août à l’aube, ont annoncé l’annulation des récents résultats électoraux et la dissolution de la Constitution et »toutes les institutions de la République ».
Pour faire un rapprochement, le même jour du putsch au Gabon, le président de la République du Cameroun, Paul Biya, a signé un décret validant plusieurs nominations au sein de l’unité administrative centrale du ministère de la Défense. Le décret émis concerne des nominations à des postes clés et stratégiques dans l’appareil sécuritaire, bien qu’aucun lien n’ait été fait avec les événements au Gabon. Le coup d’État militaire du Gabon est donc consommé mais pour paraphraser le président Russe Vladimir Poutine, « le respect de la souveraineté signifie ne pas autoriser les actions anticonstitutionnelles, les coups d’État et la destitution du pouvoir légitime ». Compte tenu de la longévité au pouvoir des présidents africains, le hold-up électoral en passant par la modification de la Constitution, tout serait à refaire en Afrique.
D’ailleurs, l’opinion internationale reconnaît les irrégularités électorales et exhorte la junte à préserver les civiles. Pour le cas du Gabon, le référendum, la Constitution, les institutions et les élections générales, sont à refaire. Et si ces coups d’État se sont perpétués, la faute revient à l’Union Africaine qui n’a pas su gérer le cas du Tchad dit »exceptionnel ». Il est donc difficile d’arrêter l’hémorragie. C’est la chute d’une dynastie. Ainsi, il faut s’attendre dans l’avenir à d’autres coups d’État en Afrique.