Contraception chez les adolescentes : entre protection et dérive

Ph DR

De plus en plus de mères encouragent leurs filles mineures à recourir aux méthodes contraceptives, notamment les injections hormonales. Si l’intention est souvent de prévenir les grossesses précoces, cette pratique soulève de sérieuses interrogations sanitaires, morales et sociales.

Dans plusieurs quartiers, il n’est plus rare d’entendre des mères affirmer sans gêne : « Moi, au moins, ma fille ne va pas tomber enceinte », tout en exhibant fièrement le carnet de planification familiale de leur adolescente. Ces mères, souvent animées par la peur du regard de la société, préfèrent prévenir la honte d’une grossesse non désirée plutôt que de confronter la réalité d’une jeunesse en quête de repères. Elles accompagnent leurs filles, parfois âgées de 14 ou 15 ans, dans les centres de santé pour leur administrer des piqûres contraceptives comme la DMPA (Depo-Provera), sans en mesurer les conséquences à long terme.

Le médecin généraliste Rodrigue Mbetemadji prévient que ces méthodes ne sont pas sans effets secondaires, notamment chez les filles de moins de 18 ans. « On observe des irrégularités menstruelles, une prise de poids et une baisse temporaire de la densité osseuse, ce qui est préoccupant à un âge où le squelette est encore en formation », explique-t-il. D’où la nécessité, selon lui, d’une évaluation médicale rigoureuse avant toute prescription.

Autre point souvent ignoré, ces contraceptifs n’offrent aucune protection contre les infections sexuellement transmissibles (IST), y compris le VIH/SIDA. « Seul le préservatif joue un double rôle de protection contraceptive et de barrière contre les IST », précise le médecin. En croyant protéger leurs filles, certaines mères ouvrent plutôt une voie à d’autres intempéries, les exposant à des risques encore plus graves.

En toile de fond, une confusion persistante entre prévention et permission. Donner un moyen contraceptif à une adolescente sans l’outiller en éducation sexuelle, c’est prendre le risque de normaliser une sexualité précoce, parfois non encadrée. Cela peut être perçu comme un laissez-passer à des comportements à risque.

Alors, comment agir ?

Aux mères, Dr Rodrigue Mbetemadji conseille d’instaurer un dialogue ouvert, sans jugement, avec leurs filles. « Éduquer avant de protéger. Une bonne information vaut mieux qu’une interdiction ou une autorisation non encadrée », dit-il. Il encourage aussi à faire appel aux professionnels de santé pour orienter les jeunes filles avec responsabilité.

Quant aux adolescentes, le message est clair : connaître son corps, ses droits, mais aussi ses responsabilités sont essentielles. L’abstinence ou la prudence, sont des choix forts et respectables.

En fin de compte, protéger une fille, ce n’est pas juste éviter une grossesse. C’est l’armer de valeurs, de connaissance et de conscience pour affronter le monde avec discernement.

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