Le nombre de personnes victimes de la conjonctivite depuis ces derniers jours grimpe à une vitesse de lumière. Une épidémie qui gagne de l’ampleur dans toutes les contrées du pays, notamment à N’Djamena. Il suffit d’un simple contact pour être contaminé. Comment prévenir donc cette maladie qui n’épargne ni enfant ni adulte ?
« Dakou appolo dja lena », de l’arabe tchadien qui signifie « Voilà appolo est venu nous trouver », telle est la réaction de dame Khadidja ayant reçu la visite de sa voisine en cette matinée du jeudi 21 septembre. En cette période où la maladie de la conjonctivite menace bon nombre de citoyens, il est presque impossible de passer par un coin de la rue et ne pas apercevoir les victimes. Ceux-ci, hommes comme femmes, se cachent derrière les lunettes de soleil.
Pourtant, dans les institutions sanitaires dans lesquelles nous avons fait un tour, aucun patient n’a été enregistré en consultation pour cette maladie. « Je n’ai pas encore consulté quelqu’un venu spécialement pour le cas de conjonctivite depuis que je suis là. Il y a ceux qui viennent pour d’autres maladies et si on constate qu’ils ont les symptômes de cette maladie, on leur prescrit un traitement. Vous-mêmes, vous le savez, les Tchadiens aiment l’automédication », s’exprime ainsi Dr Jacob, abordé en pleine consultation dans une clinique de la place. À sa suite, Matibeye, médecin généraliste dans un centre de santé communautaire, nous rappelle encore l’attitude négligente de la population tchadienne vis-à-vis de certaines pathologies. « Pour le Tchadien, venir à l’hôpital pour soigner la conjonctivite est une perte de temps pour lui. Il préfère prendre des produits qu’on lui conseille au quartier », se plaint-elle.
« Une conjonctivite mal soignée pourrait être source d’une autre maladie, mais ils la négligent. J’ai consulté plusieurs enfants ce matin avec les symptômes de la conjonctivite aussi. Il faut que les parents soient attentionnés également à l’égard des enfants », soutient son collègue du Centre Hospitalo-Universitaire de la Mère et de l’Enfant.
Par leur réaction, les malades que nous avons approchés donnent raison au personnel sanitaire. Au premier abord, Zakaria, yeux bien rouges sous ses lunettes de soleil, nous retourne la question « Est-ce qu’on soigne la conjonctivite à l’hôpital ? » Pour lui, il a toujours été victime de la maladie en cette période, mais il n’a jamais songé consulter un médecin. « J’ai pris un collyre à la boutique simplement que j’ai appliquée. Ce matin, il y a du mieux, par contre hier, je n’ai pas pu travailler à cause de ça », rassure Zakaria. Comme lui, nombreux sont ceux qui font usage de divers produits tant traditionnels que médicaux pour guérir de la conjonctivite. Il s’agit entre autres du citron, de l’oseille trempé, des capsules, du savon et bien d’autres.
Malgré tout cela, la contamination ne cesse de s’accentuer. À cet effet, il est recommandé d’éviter tout contact physique avec une personne malade et de prendre des précautions sanitaires afin de réduire le risque de contamination. « J’interpelle tous les malades à faire attention aux médicaments traditionnels qu’ils mettent dans les yeux et même les produits pharmaceutiques qu’ils mettent. On ne peut pas utiliser les médicaments sans prescription médicale », appelle Dr Fadoul. Très contagieuse comme maladie, il invite par ailleurs tout le monde à ne pas manquer de se laver les mains à tout moment.