Le mois d’octobre est dédié à la lutte contre le cancer du sein. Pour cela, tout au long de ce mois, N’Djam Post propose une série d’articles sur cette maladie qui touche les femmes mais aussi les hommes. Pour ce premier numéro, nous avons rencontré Dr Tidjani Oumar Ahmed, médecin à la Clinique médico-chirurgicale Mercy A-Z. Il explique ce que c’est le cancer du sein, ses causes et bien d’autres.
Le NDjam Post : qu’est-ce que le cancer du sein
Dr Tidjani Oumar : Avant tout, un cancer est une maladie où des cellules anormales se prolifèrent anarchiquement, envahissant les tissus adjacents et provoquant des métastases qui se propagent à des sites distants par le sang ou le système lymphatique. Donc le cancer du sein est, et pardonnez-moi la redondance le cancer qui se forme dans les cellules des seins. Cette entité est la tumeur maligne la plus fréquente chez la femme ; et ceci est dû généralement au fait que le diagnostic médical soit tardif, au faible taux de dépistage. Les patientes parfois tardent à chercher de l’aide médicalisée et surtout à l’inexistence de la pratique de l’autoexamen des seins. Et oui, le cancer du sein atteint aussi les hommes (parce qu’ils ont des seins… humour), après les 54ans. Mais, cette tumeur est rare avec 100 fois moins de probabilité pour les hommes de développer ce type de cancer.
Le N’Djam Post : Quels sont les facteurs pouvant causer le cancer du sein ?
Dr Tidjani Oumar : Les facteurs de risques sont nombreux, néanmoins il y a ceux dont tous les oncologues s’accordent dessus. Les facteurs majeurs sont l’âge (il y a une polémique autour de cette question). Nonobstant, tout dépend des pays ; il y a ceux qui s’accordent sur 50 ans et plus et d’autres à partir de 30 ans. Mais la question de la génétique (c’est à dire antécédent familial de cancer du sein dans la première lignée : mère, sœur, fille) est très liée au développement du cancer du sein indépendamment de l’âge. Ainsi les femmes ou hommes possédant une mutation des gènes BRCA1 ou BRCA2 ont un risque très élevé d’avoir le cancer du sein. Après, s’en suivent une ménarche (premières règles) précoce (moins de 10 ans), une ménopause tardive (après 50 ans), une première grossesse tardive (après 30 ans), et les nullipares (femmes n’ayant jamais accouchées) ; les femmes non allaitantes, la prise des anticoncéptifs, l’exposition aux radiations, le mode de vie (le tabac, l’alcool, etc…), et la liste n’est pas exhaustive.
Le NDjam Post : Comment peut-on diminuer ces facteurs ?
Dr Tidjani Oumar : Prendre conscience des gestes que chacun d’entre nous peut adopter pour préserver sa santé est déjà le premier pas vers l’action : vaut mieux prévenir que guérir, principe de toute médecine. Au-delà, il y a des petits gestes qui réduisent le risque d’avoir le cancer du sein qui dépendent de la responsabilité de tout un chacun. Par exemple, limiter la consommation d’alcool, éviter la cigarette, pratiquer une activité physique régulière, limiter la dose et la durée de l’hormonothérapie entre autres. In facto, la promotion et la prévention deviennent la clé pour diminuer les facteurs de risques et ainsi l’incidence de toute maladie. Dans l’optique du cancer du sein, il est nécessaire d’enseigner l’autoexamen des seins aux femmes, mettre en place un protocole de dépistage systématique à toute femme ayant un antécédent familial et âgée de moins de 50 ans, promouvoir la lactation maternelle, informer la population sur les facteurs de risques. C’est dans ce sens que d’ailleurs va le mois d’octobre rose. Il est important d’avoir les infrastructures nécessaires qui permettent d’accueillir, de diagnostiquer et d’intervenir promptement, booster d’un corps médical spécialisé et multidisciplinaire prêt à répondre aux besoins des femmes avant et après être affecté.
Le NDjam Post : Quels sont les symptômes du cancer du sein ?
Dr Tidjani Oumar : Les symptômes sont variables et dépendent sans doute de la phase de la maladie. A cet effet, la localisation la plus fréquente du cancer est le quadrant supérieur externe du sein. Dans plus de 80 %, la première manifestation clinique est la présence d’une boule, une altération ou changement au niveau du mamelon, qui apparait comme de l’eczéma, une sécrétion ou rétraction. Dans les cas avancés, il se manifeste par des ulcérations, de l’œdème (peau d’orange), ou par des manifestations paranéoplasiques.
Le NDjam Post : Qu’en est-il du dépistage ?
Dr Tidjani Oumar : La mammographie est la méthode de screening par excellence pour diagnostiquer précocement le cancer du sein. Cependant, il est primordial pour toute femme ayant un antécédent familial de cancer du sein de se faire dépister annuellement le tôt possible, de préférence avant 30 ans. Car, le pronostic dépend de la précocité du diagnostic. Et toute femme n’ayant pas cet antécédent, âgée de 35-40 ans, il lui est conseillé de réaliser une mammographie de référence et à partir de 4O ans une exploration clinique annuelle et une mammographie chaque 1 ou 2 ans. A partir de 50 ans il doit être effectué une étude complète chaque 2 ans, jusqu’à l’âge de 70 ans. La mammographie peut se faire à l’hôpital de la Renaissance.