Le gouvernement camerounais a accusé jeudi, 23 mai 2024, des députés et dirigeants de partis politiques de vouloir déstabiliser l’État, ciblant l’opposition sans la nommer, dans la perspective de l’élection présidentielle prévue en 2025.
Dans son communiqué diffusé par la radio nationale, le ministre en charge de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, épingle sans les nommer certains députés et dirigeants de partis. « Ils occupent l’espace médiatique et les réseaux sociaux pour diffuser des messages tendancieux et anti-républicains dans le but de troubler l’ordre public, discréditer l’État et provoquer des remous sociaux à des fins égoïstes », accuse-t-il. « Seul le chef de l’État qui incarne les institutions de la République est habilité à s’adresser au peuple selon la formule consacrée +Camerounais, Camerounaises, mes chers compatriotes+ », reproche aussi Paul Atanga Nji.
Face à ces « déstabilisations », le ministre promet « qu’aucun écart de comportement ne sera toléré » et que les contrevenants seront « traqués où qu’ils se trouvent et traduits devant les instances judiciaires selon la gravité de leurs forfaits ». La sortie du ministre survient à un an et cinq mois de la prochaine élection présidentielle. Dans cette perspective, des opposants se sont selon lui rendus coupables de « défier impunément l’autorité de l’État, inciter à la rébellion et menacer de mettre le pays à feu et à sang ».
Le pouvoir de Paul Biya, qui dirige sans partage le Cameroun depuis plus de 41 ans, est régulièrement accusé par les ONG internationales de défense des droits humains de réprimer toute opposition. En juin 2023, Amnesty international a accusé le pouvoir de « violation des droits humains », notamment en faisant emprisonner « arbitrairement » des opposants, des civils, des journalistes, des responsables de la société civile, et en les faisant juger par des tribunaux militaires en invoquant des « actes de terrorisme ».