Deux chercheurs camerounais et leur guide ont été tués par des villageois en colère qui les ont battus, ligotés et brûlés en pensant avoir affaire à des combattants du groupe jihadiste Boko Haram, dans l’extrême nord du pays, a-t-on appris jeudi, 06 mars 2025 de sources concordantes.
Le syndicat national des chercheurs (SYNAC) a dénoncé ce « meurtre horrible » en précisant dans un communiqué que l’équipe se trouvait à Souledé-Roua, une localité du Mayo Tsanaga, dans le cadre d’une « mission de recherche » pour « la collecte de données complémentaires en géologie structurale ». « L’identité de ces trois victimes de la justice populaire n’a été découverte qu’après le forfait », a affirmé la radio d’Etat CRTV en rappelant que la population locale était régulièrement victime d’attaques de Boko Haram.
Le SYNAC a demandé l’ouverture d’une enquête pour que les auteurs « répondent de leur crime devant la loi ». « C’était le jour du marché. Six personnes sont allées faire des emplettes (…) Les populations auraient cherché à connaître d’où elles venaient. Les six personnes ont donc engagé une course afin d’échapper à leurs poursuivants. Trois personnes parmi les six ont été rattrapées. Ces trois personnes ont donc été battues, ligotées et brûlées », a déclaré Le préfet du Mayo-Tsanaga, Jean-Bosco Avom, à la CRTV.
Le drame est survenu dimanche, a précisé à l’AFP le président du syndicat national des chercheurs, Alban Ngatchou. Dénonçant le déficit d’encadrement entraînant une forme de « débrouillardise » qui « expose le chercheur à la vindicte populaire« , le SYNAC a par ailleurs demandé que « les risques liés aux missions de recherche soient à l’avenir réduits au maximum » et la problématique du financement « solutionnée une fois pour toutes ».
Difficile à contrecarrer du fait de la mobilité de ses hommes, l’insurrection de Boko Haram est apparue en 2009 au Nigeria et a essaimé dans la région du lac Tchad, vaste étendue d’eau et de marécage entre Niger, Nigeria, Cameroun et Tchad. Le conflit a fait plus de 40.000 morts et environ deux millions de déplacés dans le nord-est du Nigeria.
L’armée tchadienne a récemment lancé une offensive aérienne et terrestre contre Boko Haram dans la région du lac Tchad, après une attaque meurtrière contre une de ses bases militaires qui avait laissé une quarantaine de morts.