Le Burkina Faso a décidé de suspendre pour deux semaines la BBC et Voice of America (VOA) pour avoir relayé des accusations « d’exactions » commises par l’armée dans son combat contre les jihadistes.
La suspension des radios britannique et américaine suit celles, temporaires ou définitives, prises à l’encontre de plusieurs autres médias étrangers, principalement français depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré en septembre 2022. Le Conseil supérieur de la communication (CSC) « a décidé de la suspension des programmes des deux radios internationales (BBC et VOA) émettant à Ouagadougou pour une durée de deux semaines à compter de la notification de ladite décision », a-t-il indiqué jeudi 25 &vril 2024 dans un communiqué.
Il justifie cette décision par la « diffusion jeudi sur les ondes et les plateformes numériques de BBC-Afrique et de VOA d’un article accusant l’armée burkinabè d’exactions sur des populations civiles ». Le CSC affirme avoir « décelé dans le contenu dudit article d’énormes déclarations péremptoires et tendancieuses contre l’armée burkinabè sans éléments de preuve tangibles, d’autant plus que le même article invite à une enquête indépendante ».
Dans son rapport publié jeudi, HRW a accusé l’armée burkinabè, aux prises avec les groupes armés jihadistes, d’avoir « exécuté au moins 223 civils » dont au moins 56 enfants lors de deux attaques dans le nord du pays. Le CSC indique également avoir « enjoint » aux fournisseurs d’accès à internet « de suspendre » l’accès aux sites et « autres plateformes numériques de la BBC, de la VOA et de l’ONG Human Rights Watch (HRW) à partir du territoire burkinabè ».
Il estime que « l’approche » de la BBC et de VOA « porte atteinte aux principes cardinaux du traitement de l’information, en ce qu’elle constitue une désinformation de nature à porter le discrédit sur l’armée burkinabè » et « est, en outre, susceptible de créer des troubles à l’ordre public ». VOA a indiqué vendredi avoir cherché en vain à obtenir une réaction « de plusieurs officiels burkinabè » au rapport de HRW et affirme avoir l’intention « de continuer à couvrir pleinement et équitablement l’actualité dans ce pays ».
Le bureau des droits de l’homme de l’ONU s’est dit « préoccupé » par cette suspension. « Les restrictions à la liberté des médias et à l’espace civique doivent cesser immédiatement. La liberté d’expression, y compris le droit d’accès et d’information, est cruciale dans toute société, et encore plus dans le contexte de la transition au Burkina Faso », a déclaré une de ses porte-parole, Marta Hurtado.