Depuis le 26 juillet 2023, le Niger a connu un coup d’Etat mettant fin à la présidence de Mohamed Bazoum. Il s’agit du sixième coup d’Etat qu’a enregistré la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) en cinq ans. Cette dernière, à l’issue d’un sommet à Abuja le 30 juillet 2023, a envisagé l’option militaire pour restaurer l’ordre constitutionnel au Niger. Le N’Djam Post revient aujourd’hui sur les cinq fois où la Cédéao est intervenu militairement depuis 1990.
En 2017, lorsque le président gambien Yahya Jammeh revenait sur sa décision de quitter le pouvoir après avoir reconnu Adama Barrow comme gagnant de l’élection présidentielle, la Cédéao a émis plusieurs décisions contre lui. Parmi ces décisions, il y avait l’aspect intervention militaire qui a été aussi pris en compte. Cette intervention a été actée quelques jours plus tard quand les soldats sénégalais, sous-couvert de la Cédéao, ont franchi les frontières gambiennes jusqu’à se retrouver à Banjul, la capitale. Cette opération militaire a poussé Jammeh à quitter pacifiquement le pouvoir et s’exiler en Guinée Equatoriale.
Il y a 33 ans, en 1990, afin de mettre fin à la guerre civile au Liberia, les Etats de la Cédéao optaient pour l’intervention militaire à travers l’ECOMOG, la Brigade de surveillance du cessez-le-feu de la Cédéao. Cette brigade est appelée aussi « Casques Blancs ». L’ECOMOG a contribué d’une certaine manière à restaurer la paix dans une partie du pays et organiser une élection présidentielle. Le Nigeria « a assumé la majeure partie du fardeau financier et militaire de cette opération ».
Après le Liberia, c’était au tour de son voisin, la Sierra Leone de connaitre l’intervention de l’ECOMOG. C’était en 1997 lorsque le Front Révolutionnaire Uni (RUF) arrivait au pouvoir par un coup d’Etat. Si cette force sous-régionale a pu chasser le putschiste du pouvoir, ce sont les soldats britanniques qui infligeront « sa défaite finale » en 2000. Une telle mission, la Cédéao mènera en 2013 au Mali qui a fait face aux menaces de la part des rebelles séparatistes ainsi que des terroristes djihadistes. La mission ne connaitra pas un succès. Elle cèdera la place aux forces françaises et tchadiennes.
Les coups d’Etat, la sous-région Cédéao en a connu plusieurs. Ainsi, l’organisation n’hésite pas d’intervenir pour restaurer l’ordre, surtout constitutionnel. Ce fut aussi le cas en Guinée Bissau lorsqu’en 2012, le vice-chef d’Etat-major Mamadu Ture Kuruma commandait un putsch à la suite d’une « élection présidentielle contestée ». La Cédéao a envoyé 650 soldats à travers l’ECOMIB (Mission de CEDEAO en Guinée-Bissau). La finalité de cette mission en 2017 était de « contribuer à l’établissement de transition civil ».
Aujourd’hui, ce sont les nouveaux hommes forts du Niger qui sont menacés par la CEDEAO d’une escalade militaire. Parmi les nombreuses mesures prises contre les putschistes, l’institution a avancé l’option militaire. Un ultimatum d’une semaine leur a été donné pour céder le pouvoir et libérer le président Mohamed Bazoum au poste du président. Aussitôt l’option militaire évoquée, les pays comme le Mali, la Guinée Conakry et le Burkina Faso se sont désolidarisés de la décision de la Cédéao. La CEDEAO pourra-t-elle mener cette intervention et restaurer l’ordre constitutionnel comme elle l’a fait auparavant ? Les résolutions du sommet extraordinaire de l’organisation qui se tient ce 10 août à Abuja seront déterminantes pour cette option ou pas.