Soumise depuis plus d’une décennie à un embargo sur ses exportations de diamants, la Centrafrique espère convaincre cette semaine ses partenaires du Processus de Kimberley de lever toutes les restrictions sur un secteur crucial pour ses finances.
Le processus de Kimberley (KP), organisme de régulation du commerce mondial du diamant, se réunit à partir de mardi, 12 novembre 2024 à Dubaï pour son assemblée plénière sous la présidence des Emirats arabes unis. Pour Bangui, le point principal de l’ordre du jour est une levée totale de l’embargo imposé après les crises politico-militaires de 2013.
« Les conditions sont aujourd’hui réunies puisque, de notre côté, le problème sécuritaire ne se pose plus » et que « l’exigence minimale de traçabilité a été réglée », a assuré le ministre des Mines et de la Géologie de la République centrafricaine Rufin Benam Beltoungou en septembre lors d’une visite d’experts du KP.
Pour la première fois depuis 2015, cette mission d’experts a en effet pu se rendre sur le terrain, visiter plusieurs sites miniers et vérifier la conformité des pratiques d’extraction et de commercialisation avec les normes internationales visant à bloquer les « diamants de sang » issus des zones de conflits.
Les riches gisements de diamants alluvionnaires constituent, avec l’or, une des ressources les plus précieuses du pays, avec des permis d’exploitation et de recherche délivrés à des Chinois, des Américains, des Rwandais mais aussi des Russes liés au groupe mercenaire Wagner qui soutient le régime.
Pour la Centrafrique, l’effet des sanctions a été drastique : en 2011, deux ans avant le coup d’État militaire qui a ensuite dégénéré en interminable guerre civile, le pays exportait officiellement 323. 575,30 carats de diamants pour un revenu de 29,7 milliards francs CFA (environ 45 millions d’euros). En 2023, ce revenu était de 324,3 millions FCFA (4,9 millions d’euros), selon des chiffres officiels.
Les sanctions « auraient dû être levées dès que l’ordre constitutionnel a été restauré en mars 2016 », mais elles ne l’ont été que partiellement, en 2015, contrairement à ce qui s’est passé pour l’Angola, la Côte d’Ivoire ou la Sierra Leone, déplore Luc Florentin Simplice Brosseni Yali, le directeur général du Secrétariat permanent du KP, dans un entretien avec l’AFP.
Actuellement, un tiers des 24 zones minières diamantifères répertoriées dans le pays sont déclarées « zones vertes » et peuvent exporter, les autres, en « zone rouge », sont restées sous sanction. « La situation des habitants de ces régions de production est déplorable », assure Brosseni Yali pour qui un retour à des activités économiques normales contribuerait « au rétablissement de la paix en proposant aux jeunes une voie différente de celle des armes ».