Le général Adoum Togoï Abbo, ex-ambassadeur du Tchad en Libye, est décédé dans la matinée de ce lundi 17 janvier 2022 à N’Djaména, de suites d’une longue maladie. « On le savait malade depuis quelques temps. Sa santé a commencé à s’améliorer mais il a rechuté à la fin de la semaine dernière », souffle un de ses proches. Une autre source renseigne que l’ancien chef d’Etat major du Gouvernement d’Union Nationale de Transition (GUNT), rentré au bercail suite au décès du maréchal Idriss Déby Itno, en avril dernier, serait atteint par le Covid-19 et hospitalisé à l’hôpital de la Renaissance. Une foule compacte, composée de parents, officiels et autres connaissances, a accompagné, dans la mi-journée de ce lundi, le défunt Adoum Togoï Abbo à sa dernière demeure de Lamadji. Pour le président du Conseil Militaire de Transition (CMT), le général Mahamat Idriss Déby Itno notre pays perd en lui une grande figure emblématique. « À sa grande famille éplorée, à ses nombreux amis, compagnons et connaissances, recevez toute ma compassion et mes attristées condoléances. Que la terre lui soit légère et que son âme repose en paix », prie-t-il.
La vie du général Adoum Togoï Abbo, surnommé affectueusement, « le général des généraux », par feu maréchal-président Idriss Déby Itno reste intimement liée à presque toutes les luttes armées du Tchad. Le téméraire chef militaire a marqué plusieurs générations de jeunes par sa bravoure. Il se fait remarquer, grâce à son abnégation, comme l’une des figures emblématiques de la résistance du Front de Libération Nationale du Tchad (Frolinat) et de la lutte armée dans le Borkou-Ennedi-Tibesti (BET) aux côtés des présidents Hissein Habré et Goukouni Weddeye. Avec l’éclatement du Frolinat, feu Adoum Togoï choisit le camp du président Goukouni Weddeye, au détriment du CCFAN de Hissein Habré. Il devient chef d’Etat major des Forces Armées Populaires (FAP) et du Gouvernement d’Union Nationale de Transition du président Goukouni Weddeye. Avec la prise de pouvoir de Hissein Habré en 1982, s’ouvre alors un long boulevard d’exil en Libye pour « le maquisard ». Il offre ses bons offices comme « agent de liaison », en 1989, aux responsables du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) et au guide libyen Kadhafi, contre leur ennemi commun Hissein Habré. Avec la prise de pouvoir du MPS, le général Adoum Togoï Abbo semble tourner la page de la lutte armée. Il se brouille à nouveau avec feu président Idriss Déby Itno. Il regagne cette fois-ci avec armes et bagages le Mouvement pour la Démocratie et la Justice au Tchad (MDJT), fondé fin décembre 1998, par l’ancien ministre de l’Intérieur Youssouf Togoïmi pour fédérer l’opposition armée contre le régime du président Idriss Déby Itno. Avec la mort en 2002 de son fondateur, Youssouf Togoïmi, le MDJT est considérablement affaibli par les divisions internes. La signature d’un accord de paix entre le MDJT et le gouvernement tchadien en 2005 pousse une fois de plus le général Adoum Togoï Abbo vers l’exil. Il rentre fin 2007 avec le groupe de Libreville sous la direction du président Goukouni Weddeye, à N’Djaména, accompagnée des autorités gabonaises dans le cadre de la préparation d’une éventuelle Conférence inclusive de paix. Il s’embrouille de nouveau avec feu Idriss Déby Itno et prend le chemin de Ouagadougou.