Des armes chinoises fournies par les Emirats arabes unis aux paramilitaires ont été utilisées au Soudan en violation de l’embargo sur les armes de l’ONU, a affirmé Amnesty International jeudi 08 mai 2025, au cinquième jour d’attaques de drones qui ont provoqué la fuite de civils.
« Des bombes guidées chinoises GB50A et des obus AH-4 de 155mm » ont été identifiés grâce à l’analyse d’images de débris retrouvés après des attaques à Khartoum et au Darfour, dans l’ouest du Soudan, a affirmé Amnesty.
Les attaques attribuées par l’armée aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) se sont multipliées ces derniers jours, notamment sur des sites stratégiques de Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement et épicentre logistique de l’aide humanitaire. L’aéroport civil, le dernier encore opérationnel du pays, une base militaire, une station électrique et des dépôts de carburant ont notamment été endommagés.
Jeudi, selon des sources militaires, des drones ont à nouveau visé Port-Soudan, poussant les civils à fuir ce grand port de la mer Rouge longtemps considéré comme un havre sûr, ainsi qu’une ville du sud du pays tenue par l’armée. Les paramilitaires, en guerre depuis deux ans contre l’armée, ont lancé « une nouvelle attaque de drone contre la base navale de Flamingo », à Port-Soudan, déjà visée mercredi, a indiqué à l’AFP une source militaire.
Les armes chinoises identifiées au Soudan « sont fabriquées par le groupe Norinco », connu sous le nom de China North Industries Group Corporation Limited, une entreprise de défense détenue par l’Etat chinois, selon Amnesty.
« Le seul pays du monde à avoir importé de Chine des obus AH-4 de 155 mm, ce sont les Emirats, en 2019 », selon Amnesty qui s’appuie sur les données de l’Institut de recherche suédois Stockholm International Peace (Siri). « Cela indique que les Emirats continuent de soutenir les FSR », en ligne avec de précédents rapports dont un des Nations unies, selon l’organisation.
Le gouvernement soudanais a rompu mardi ses relations diplomatiques avec les Emirats, en les accusant d’équiper les FSR. Abou Dhabi a toujours démenti toute ingérence dans le conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts et 13 millions de déplacés.