Si le gouvernement de la République du Tchad est passé à autre chose et cherche à terminer la transition tchadienne, les organismes de Droits de l’Homme et les victimes parmi les citoyens tchadiens n’oublient pas. Six mois après les tirs de célébration de la victoire du MPS, aucune justice n’a été rendue aux victimes. Un rapport de Human Rights Watch dénonce cette impunité dans un rapport publié le 26 novembre 2024.
En réaction à l’annonce de la victoire à l’élection présidentielle de celui qui était le président de la transition à l’époque, les forces qui lui étaient loyales avaient ouvert le feu dans plusieurs villes et villages, d’une manière que certaines personnes ont décrite comme menaçante plutôt que festive. Lesquels tirs ont fait plusieurs morts et blessés. Les victimes et les survivants du 9 mai 2024 attendent toujours qu’on leur rende justice, déclarent, dans un rapport, Human Rights Watch et l’Observatoire pour la promotion et la défense des droits humains (OPDH).
« La transition au Tchad a connu une fin tragique le 9 mai, lorsque des forces de la police et de l’armée, loyales au président de la transition, ont ouvert le feu dans des villes et des villages, terrifiant la population, tuant des personnes innocentes et blessant grièvement des centaines d’autres », a déclaré Mahamat Zene Oumar Abdelaziz, le président de l’OPDH. « Le gouvernement du Tchad devrait ouvrir de toute urgence une enquête pour déterminer quelles unités ont participé aux tirs et garantir que les blessés aient une forme de recours », poursuit-il.
Human Rights Watch et l’OPDH se sont entretenus avec 27 témoins et survivants entre le 29 juillet et le 7 août, notamment des personnes blessées par des balles perdues et des proches de personnes qui ont été tuées. Même si les tirs de célébration sont communs au Tchad après des mariages ou autres événements importants, les tirs du 9 mai étaient différents, puisque des armes et roquettes de gros calibre ont été tirées. Un activiste de la société civile a déclaré à Human Rights Watch : « Ces tirs ne voulaient pas célébrer, ils voulaient intimider. Ils nous avertissaient de ne pas oser manifester, comme on l’avait fait en 2022. ».
Les deux organisations se sont entretenues avec deux personnes dont les domiciles ont été touchés par des roquettes et ont pu en visiter un à N’Djamena. Dans les deux cas, les occupants ont montré des photos des roquettes ayant touché leur domicile aux organisations. Des dizaines de témoins ont déclaré que l’armée tirait avec leurs armes, ce que les organisations ont également observé dans des vidéos qu’elles ont examinées, notamment l’une d’entre elles postée le 9 mai dans laquelle on voit des soldats portant l’uniforme de l’armée tchadienne en train de tirer des coups de canon mitrailleur monté à l’arrière d’un camion. La vidéo qui a été filmée à N’Djamena et ils ont pu confirmer qu’elle n’existait pas avant le 9 mai.