Environ 7,7 millions de personnes vivant au Soudan du Sud, soit près de 60% de la population de ce pays en proie aux violences et aux calamités climatiques, seront en situation d’insécurité alimentaire aiguë l’an prochain, selon des données de l’ONU, lundi, 18 novembre 2024.
Pays parmi les plus pauvres au monde, indépendant depuis 2011, le Soudan du Sud voit sa situation humanitaire aggravée par des inondations d’une ampleur inédite depuis des décennies et un afflux massif de réfugiés venus du Soudan voisin en guerre. Les dernières projections du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), dont les évaluations déterminent les seuils de la faim (sur une échelle de 1 à 5), prévoient une augmentation du nombre de personnes menacées d’insécurité alimentaire aiguë.
L’IPC estime que 7,69 millions de personnes, dont 2,1 millions d’enfants, seront confrontées en avril à une situation où « l’incapacité d’une personne à consommer suffisamment de nourriture met sa vie ou ses moyens de subsistance en danger immédiat » (phase 3 ou plus), contre 7,1 millions cette année. Parmi elles, 63.000 se trouveront dans un état de « catastrophe » alimentaire (phase 5), qui précède la famine.
« Année après année, nous constatons que la faim atteint des niveaux parmi les plus élevés jamais observés au Soudan du Sud », a souligné la responsable du Programme alimentaire mondial (PAM) au Soudan du Sud, Mary-Ellen McGroarty, dans un communiqué. « Lorsque nous examinons les zones où l’insécurité alimentaire est la plus élevée, il est clair qu’un cocktail de désespoir – conflit et crise climatique – en est la principale cause », a-t-elle estimé.
Vulnérable aux calamités climatiques, le pays fait face à ses pires inondations depuis des décennies, qui ont déplacé 380.000 personnes et affecté un total de 1,4 million, selon l’agence humanitaire des Nations unies (Ocha). Il doit également faire face à l’afflux de 810.000 personnes fuyant la guerre qui a éclaté en avril 2023 au Soudan voisin, selon des chiffres de l’ONU.
Le pays est par ailleurs paralysé politiquement, miné par la corruption et les rivalités héritées d’une guerre civile qui a fait 400.000 morts et des millions de déplacés entre 2013 et 2018. Les autorités ont annoncé en septembre un énième report des premières élections de son histoire, désormais prévues en décembre 2026.
Le Soudan du Sud a également perdu depuis février sa principale source de revenus après qu’un oléoduc lui permettant d’exporter son pétrole a été endommagé par les combats au Soudan.