Soixante-quatre ans, c’est l’âge auquel, après toute une vie de lutte, l’homme prépare sa retraite. Il devient un patriarche doté de sagesse qui est en réalité l’accumulation des expériences de toute une vie. Soixante-quatre ans, c’est l’âge du Tchad depuis son accession à “l’indépendance”. Ce n’est rien dans la vie d’un pays, mais c’est énorme pour accueillir la sagesse. Mais, hélas, ce n’est pas le cas du Tchad.
Soixante-quatre ans après, alors que le président de la République ne cesse de rappeler, « la souveraineté » du pays à chaque fois que l’occasion le lui permet, nous sommes encore au milieu de l’auberge. Incapables de résoudre un problème de 10 milliards de nos francs (un peu plus de 16 millions de dollars), on tend la sébile aux bienfaiteurs (partenaires, j’allais dire). Incapables de curer les caniveaux et faire drainer les eaux qui vont avec des économies de toute vie de fois. Demandez-en aux habitants de Diguel Zaffaye. Mais on trouve toujours un raccourci : « l’eau, c’est la bénédiction » ; si, mais pas l’inondation.
64 ans plus tard, le Tchad a du mal à nourrir sa propre population. La faim tue encore au Tchad. Tant que cela perdure, alors tout ce que ceux qui dirigent nous le diront n’est que balivernes car « un homme qui a faim n’est pas un homme libre », soutenait de son vivant le Maréchal du Tchad.
L’éducation, c’est une autre paire de manche. Le pays est en bas dans tous les classements. En 2023, la Banque Mondiale dans son rapport « Enquêtes sur les indicateurs de prestation des services dans les écoles primaires au Tchad » indique que « le Tchad présentait la plus faible proportion d’élèves en 6ᵉ année d’études atteignant le niveau minimal de compétence en langues et en mathématiques ». Ce qui signifie que jusqu’en classe de 6ᵉ a du mal à écrire et à faire des calculs correctement. C’est ahurissant quand même non ! Dieu est grand.
N’Djamena, tel un échantillon, nous montre ce qui se passe dans le Tchad profond. À la première pluie, une bonne partie des infrastructures routières deviennent impraticables. Une situation qui va durer jusqu’à la tombée des dernières gouttes d’eau.
Au vu de tout cela, qui n’est que la partie visible de l’iceberg, il n’y a rien à célébrer. La somme qui sert pour les différentes festivités et les parades militaires pourrait bien servir ailleurs. Dans la santé peut-être ou bien l’éducation, sinon les infrastructures… bref tout est urgent dans ce Tchad vieux de 64 ans.
Soixante-quatre ans, c’est l’âge de la sagesse. Avec cette sagesse, on pourra repenser le pays. On pourra lui tracer une nouvelle voie et jeter des nouvelles perspectives. Chose qui ne se fera guère sans l’implication de tous.