La ville d’Abéché se remet de ses jours mouvementés ponctués de manifestations et de repressions. La capitale du Ouaddaï panse ses blessures. Les 211 personnes arrêtées lors des manifestations du 24 et 25 janvier sont libérés dans la journée de ce vendredi 28 janvier 2022, d’après les informations. « Il reste encore des manifestants dans les geôles », insiste un habitant, joint par téléphone. S’agissant des victimes, certaines associations des droits de l’homme avancent 21 manifestants tués par balles dont de jeunes. Du côté des autorités, l’on regrette « des pertes en vies humaines ».
La délégation ministérielle, dépêchée sur place, s’est rendue auprès des familles des victimes pour présenter les condoléances avant de s’entretenir avec les membres du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques. « Des investigations sont encore en cours pour déterminer les responsabilités de toutes les parties avec justice et équité », souffle-t-on. Les communications coupées sont également rétablies en guise d’apaisement. Mais, les commerces sont en partie fermés à Abéché et dans certaines villes du pays. « On attend pour voir clair d’abord. Qu’on trouve une solution à nos revendications et on ouvrira les commerces », indique un commerçant d’Abéché. Il informe que les dernières victimes « fauchées par les balles des forces de l’ordre » sont enterrées dans la journée de ce jeudi 27 janvier 2022. La communauté ouaddaïenne demande toujours justice pour les victimes. La tête du gouverneur est même mise sur la balance. « Il se croit toujours en terrain conquis. Il nous traite de rebelles. C’est pourquoi il a ordonné aux militaires de tirer sur les civils. Le gouverneur est le seul responsable de ce qui vient de se passer. Le chef de l’Etat doit le remplacer immédiatement et il répondra de ses actes devant les juridictions compétentes », insiste-t-on. Un notable d’Abéché souligne que l’intention du gouverneur était de massacrer les civils. « Sinon comment comprendre que pour une manifestation pacifique, on sort tous les blindés avec les consignes de tirer à vue sur les manifestants. Nous sommes même étonnés de la quantité et de la qualité d’armements qui se trouvent dans les casernes. Son intention est de nous tuer en grand nombres. Nous connaissons son passé trouble. Mais, Dieu est toujours du côté des faibles », indique-t-il.